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Blog de Lucie Santos

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Une marche

Le 14/01/2020

Pourquoi est-ce que je ne suis pas émerveillée, alors que tout va bien ? Parce que normalement, arrivé à un certain point ça fleurit. Il y a des fruits, des feuilles, du souffle dedans. Naturellement, tout devient naturel. Tout est souple. De la douceur, de la douceur, de la douceur. Ca c’était Verlaine. Ce n’est pas grave si je ne lis pas. C’est peut-être un peu gênant… Oh, non, ce n’est pas grave, c’est juste que ma vie est trop complexe pour le moment. Et puis il paraît que tout un tas de gens ont le même problème aujourd’hui. Et ça on s’en fout encore plus. Des yeux d’enfant, peut-être ? Je me souviens, quand au théâtre on avait joué avec la tototte à la bouche, j’ai eu les yeux interrogateurs. Est-ce qu’il faut retrouver ça ? Je ne vais pas avoir l’air un peu cruche ? Trouver une liberté d’où je vais poser les yeux… Laisser derrière la tête les autorités, haha, les lois, les ordres, les conventions, les attentes des autres… Laisser tout ça de côté. Parce que j’ai été éduquée, et assez à mon goût. Maintenant je crois que je peux lâcher tout ça. J’ai une morale assez forte, j’ai le cœur plein. Je n’ai pas peur des niaiseries. J’attends la nouveauté, je guette la surprise comme l’étudiant observe son esprit refleurir. J’exige de ma conscience qu’elle s’ouvre aux meilleures énergies. D’évidences en évidences, je veux qu’elle se promène, contournant le tragique sans jamais se laisser happer par la peur. Je veux garder mon cœur en place, je veux que, sortant de ce clavier mon esprit soit transformé, passant de la brume légèrement confuse, au bonheur permanent d’observer le même mystère ensoleiller l’univers. C’est un jeu. Donc tout va bien. C’est perdu. 

 

La peur

Le 11/12/2019

J’aimerais dire un truc intelligent sur les retraites. Il y a des trous noirs. Il y a des gens qui se font happer par le manque matériel. Je ne dis rien de neuf mais personne ne dit quoi que ce soit de neuf.

Voilà, sinon je pense que Macron devrait expliquer sa politique de façon claire dans un courrier aux gilets-jaunes. Au besoin un roman fleuve. Mais qu’il soit crédible. Quand un ministre dit qu’il est « choqué » parce que les gilets jaunes disent « Macron, réponds-nous », j’essaie de rigoler doucement. On lui demande une réponse et c’est donc « choquant ». Avouons qu’elle est pas mal, celle-là. Moi je crois que si Macron fait au mieux, alors tout peut s’expliquer. Enfin c’est logique bordel, sans faire de sentimentalisme, un acte politique, s’il en reste un, est pensé, alors voyons comment ! Oh ça me fatigue.

Cette histoire de réponse foireuse obligatoire en dit long sur le mou politique. Les gens font semblant de se parler. Et puis, il ya ceux qui braillent. Pourquoi est-ce que rien ne peut être clair ? C’est comme si on avait peur, une peur terrible de s’engager… Est-ce que l’Europe souffre encore de la Shoah ? On a peur de s’affirmer, et de se tromper, c’est comme si on n’avait plus droit à l’échec, quand on repense à cette horreur parfaitement réalisée, et par un fou qui parlait d’épuration. Il faut avoir les yeux ouverts sur cette grotesque tragédie. Il faut que nous puissions pardonner à nos politiciens s’ils échouent, et ne pas leur demander l’irrationnel. Les artistes et intellectuels sont là pour en discuter, pour nourrir le débat. Nous ne changerons pas le monde du jour au lendemain. Mais c’est comme le sport ou la méditation, c’est très important et chacun fait son chemin avec ça. Mais je crois que nous avons peur du langage, ce langage qui a tant souffert. Qui nous a fait terriblement souffrir et qui sera notre sauveur, si nous prennons le temps d’en faire une arme pour la paix. Evidemment ou non la planète a besoin de notre attention : il y a là une urgence et une question de survie, et c’est le début d’un mieux-être physique et mental, parce qu’il responsabilise chacun de nous. Nous avons un combat qui n’attend que notre engagement, et c’est une chance infinie. Le désoeuvrement spirituel est un grand ennemi. Je l’ai dit et je le redis : la seule chose qu’on puisse exiger de tous est de ne pas faire trop de dégâts. On sait ce qu’est le crime, le viol, le vol, l’abus. Il existe des autorités intellectuelles saines, parfois chez les religieux, les artistes, les intellectuels et les sportifs. On ne peut pas faire comme si on savait, ni comme si on ne savait pas. Des problèmes sont contournables aujourd’hui, et d’autres le seront demain. Donc questions de priorités, M. Macron.

 

Rivière

Le 18/11/2019

Je n’ai rien à raconter c’est dommage. Cependant, tandis qu’on gardait des rouilles sur les senteurs, des pathogènes furibonds glandouillaient au-dessus des braves garçons. Gloire à Dieu ! Et des épinards pour cet après-midi ! Des flacons visqueux de bohème, rugissant de loin en loin. L’autre policier d’Etat me fait la bringue aux farfadets, je n’y crois proue. Mon bon cousin, retenez les atmosphères d’un trentenaire obligé. La peau est blanche par zones. Visage adoré, rêves de brumes et de métal au réveil. Souvenir des vagues plates et qui rient de plus belle. Soleil. Amour sûr et certain, dans l’oreille d’un suppléant mystique. Un nuage, comme ils disent.

Trésors de désirs et de karma, trésors de salives et brûlures humectées. Etreinte prolongée nuitamment, comme galant. Les corps contre la dernière faille d’ombre, rencontre ici-bas. Pour toujours, folie. Folies. Gardons la guitare accordée, achetons des milliers de guitares puisque la nuit tombe. Boire un verre de lait sortant du pis. Encore tiède comme le sont les cornes. Histoire encore ce n’est pas fini. Faim terrible de plat en sauce. Envie de fumer. Sale temps dehors. Désir de t’entendre parler et de te voir sourire. Je t’aime.

 

Exit

Le 07/09/2019

Je voudrais parler de générosité. Je sais que vivre sereinement demande de vivre avec l'absurde. J'ai un sujet de philo, mais alors comme il faut. Un sacré fichu sujet : "On avait coutume de dire de Racine, qu'il était le "doux Racine". Argumentez. Paf ! Alors autant je n'ai pas vraiment peur de faire un hors sujet pour une fois (quoique...) autant mes références en philo sont relativement... éparses. Voilà, il y a quelqu'un qui regarde Harry Potter juste à côté de moi et je suis dans une situation telle qu'il me faut faire avec. Y trouver donc, à cette situation, une forme d'absurdité bien solide, n'entendre qu'un murmure confus et inintéressant d'abrutis sorciers en herbe. Et non pas de morceaux d'histoires plus ou moins liées auxquelles attacher une attention bien agitée et inutile. Racine, donc. Le "doux" Racine, parce que c'était quelqu'un de tout à fait honnête et sincère. D'accord, honnête et sincère, Emminem l'est aussi. Alors quoi ? Quelle était
 la qualité particulière à Racine pour qu'on le surnomme le "doux" ? Son théâtre n'était-il pas fait de déchirures et conflits, de vengeances et d'orgueils torturés ? Au théâtre, on nous demande de "marcher sur un fil". Voilà qui pourrait être utile comme image, pour y voir plus clair. "Marcher sur un fil", c'est une image de générosité. Le coeur dégagé d'intérêt personnel, se mouvoir sur un seul chemin, ne pas chercher à séduire le lecteur, mais vivre avec lui. Et vivre avec les acteurs, vivre avec le langage, somme toute. Cela demande non seulement un grand sens de la psychologie, mais avoir vécu un réel amour réciproque. A vrai dire, on pourrait croire que ceux qui se sentent abandonnés ne pourraient pas avoir accès à cette "douceur". Racine est armé pour écrire. Et il ne tue pas. Il a un respect profond pour la Nature humaine, et son écriture est au service de la rédemption de ses personnages, et leurs situations évoluent au gré d'une logique imparable. La vérité peut servir n'importe qui, et même si paresse spirituelle il y a, alors celle-ci s'explique par un attachement irraisonné à une fascination ou une tentation machiavélique. Racine n'écrit ni pour lui, ni pour les acteurs, ni pour quoi que ce soit d'autre que le langage, qu'on pourrait appeler Poésie ou autre.
La versification empêche également aux personnages de tomber dans une grossièreté qui désservirait l'équilibre. Il y a les codes de l'époque, dont il s'empare avec brio. Toute cette machine demande une délicatesse prête à tout, et euh en fait je ne sais pas si je le connais si bien. Il m'a marquée, en tous cas.

 

I can get satisfaction

Le 04/09/2019

Toutes les lumières sont belles. Ainsi, toutes les lumières oniriques valent le coup pour qu’on s’y abandonne. Et chacun de nous a ses astres et ses arcs-en-ciel. Il y a des lumières routinières, un bon vieux cumulus, une chape de plomb qui se charge de contenir les forces d’un étincelant Apollon. Les larmes d’émotion d’un si doux poète porté en croix par autant d’adeptes que d’ennemis , à travers les rayons dissipés qui balayent les feuilles et les brins d’herbe dans un sens ou dans l’autre. Puisque tout cela vit encore, (entre autres) je voudrais qu’on gagne le combat. Je n’imagine pas troubler les cyniques mais j’exige que certains de mes lecteurs décident de s’occuper d’un potager. Donner envie d’écrire au gouvernement, oh de oh de méditer, oh, méditer, trouver sa méditation, Voltaire avait tout compris. Je l’aime, moi Voltaire, même s’il a fait des misères à Pascal. C’était tellement con ce truc quand j’y pense. Enfin il déconnait, j’imagine.

Comment le cœur qui s’oppresse gagne du terrain en liberté, comme il gagne en fierté, comme il reste en mouvement, comme il s’assouplit. Comme ce prisme du chaos revient à son unique fonction, sans colère, sans charge et sans fascination, sans tentation. J’en dis beaucoup mais c’est de bonne guerre. La façon de croire ce qui est bon pour moi, le respect de ce qui est bon pour les autres. Mais croire pleinement. Oh de oh de l’humour ! L’humour est la paroi de l’abîme que crée le désarroi la la la. Connaître la plénitude et la perdre, de quoi tout recommencer.

Ma prochaine plénitude sera chargée de mes nouvelles émotions, elle sera à la fois la même et à la foi une autre. Je suis heureuse en ce moment. Je fais au mieux. Selon mes idées, quoi. La plénitude comble les manques créés par l’existence, je me donne le droit de penser que je vis pleinement, que mes intentions sont bonnes, que j’ai raison de ne pas m’en faire, et quoi qu’il advienne. Je me surprends, là, quand même. Mais je vous assure que je me suis mise à aimer travailler.

 

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