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Blog de Lucie Santos

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Un projet fou suite

Le 17/09/2022

Il se passe quelque chose d'assez spécial avec ce projet quand-même. J'ai le sentiment qu'une autre force, enfin une force qui ne m'appartient pas, que cette force elle veut décider à ma place. Il y a au fond de moi quelqu'un qui dit : « bouge ». Et mais violemment. A des moments qui ne me paraissent pas forcément très justes, il y a quelque chose qui voudrait absolument que je parle de cette histoire, et même de façon abrupte, inopinée. A des moments où ça me paraît à peine faisable, et cette force ne veut pas que je prenne mon temps. Le facteur temps est brouillé. Il faudrait que j'aie cette idée toujours en tête, mais déjà que j'ai du mal à passer en société par moments, si je me mets à déclamer du Lulue au Mac Donald ça va pas le faire. Il faudrait pouvoir raisonner cette force, ou l'appeler différemment peut-être, pour commencer...

Je n'en n'ai aucune idée.

Bon donc cette force est difficile à contrôler et j'ai besoin d'aide. On va envoyer ça à ma psy. Est-ce qu'il est possible de lui faire des frères et sœurs à ce projet ? Des petites accroches mystérieuses qui donnent un goût de revenez-y ? JE N'Y CROIS PAS ce serait noyer le poisson.

Je chante ce que j'aime chanter, n'allez pas voir de message subliminal dans mes choix. Je compte bien me trouver un mec dans la vie normale parce que c'est la vie normale qui m'intéresse. A chaque fois que je suis le mouvement de ce qui me paraît malgré tout délirant je me perds. Je constate que j'ai un furieux besoin de lâcher prise. Qui pourra me dire l'inverse sans pouffer de remord ? Je dois être libre, comme tout le monde, tout le monde devrait tendre à la liberté, et à vrai dire je ne connais personne qui se dise résigné. Quelqu'un qui se dit résigné ne sait pas ce qu'il dit. Parce que c'est un mot à double sens, la résignation la plus courante vise à une prochaine liberté, eeeeeeeeeeeet... et l'autre sens est celui d'un sacrifice pour une cause extérieure. On dit bien que les gens qui ont voulu se défenestrer ont eu pour la plupart un sentiment de regret durant leur chute. Je n'ai pas le sentiment de me résigner. Je me tourne vers quelque chose de plus accueillant et de plus généreux. Je compte trouver davantage d'énergie dans mes choix et à travers mon travail. Il faut que je persiste à écrire des chansons, je finirai bien par trouver quelque chose. Composer ça comme un tableau. Ne pas avoir peur d'avoir des bases, des paradoxes. Il est tard.

Et je dois vraiment défendre mon projet, c'est très important. C'est un projet sérieux, mesuré, pesé. C'est certainement utopiste, mais à quel niveau je vous prie ? Est-ce qu'il est trop sensé, trop précis ? Est-ce qu'il est tout simplement trop sage ? C'est la poésie qui vous choque ? Le Bouddha n'avait-il pas des versets adressés aux gouvernants ? Et si ce projet était simplement juste, adapté à notre civilisation ? Est-ce qu'il ne vous manque pas, à vous, un peu de souplesse et de douceur ? Est-ce qu'il n'est pas temps de virer de bord, est-ce qu'il nous manque encore un désastre, allons-nous attendre en regardant le sol s’effondrer si certainement, si lourdement ? L'imagination est-elle réservée aux paumés, aux malades ?

A quoi réserver notre sérieux, s'il vous plaît ? Je suis peut-être fragile par moments et je reconnais que je suis fantasque, voilà parfois même un peu punk et un peu stupide mais je sais que ce projet qui concerne en particulier l'éducation et l'Aïkido est tout-à-fait réalisable. Et j'ai certaines compétences en matière de spiritualité. Je dis des choses utiles. Je ne pense pas avoir vécu ce que l'on appelle l'illumination et je ne sais pas si elle me tombera dessus, mais j'y travaille avec l'honnêteté la plus pure que je puisse trouver en moi. Et cela n'enlève rien à la valeur de mes écrits. Je ne serai pas la première ni la dernière à cultiver l'amour à travers des idées et je tiens à ce qu'on m'entende. Il s'agirait bien plus d'une évolution plutôt que d'une révolution : le yoga fait partie de notre culture désormais, on parle volontiers d'être « zen », les gamins parlent de « retour de karma » on mise sur le coaching personnel pour s'épanouir, les livres de développement personnel font des best sellers et tout le monde sait que la guerre est une saloperie, tout le monde sait qu'elle ne nous mènera pas là où il fait bon vivre, plus personne ne part en guerre « la fleur au fusil ». Il est donc question de s'aligner en faveur de cette qualité d'estime de la race humaine. Et pour protéger le monde il faut protéger l'éducation, c'est elle qui nous sauvera, pas moi. Moi je ne fais que constater et utiliser ma logique, mon imagination et mon expérience. Je n'ai aucun diplôme. Même pas le brevet, ma mère a jugé inutile d'aller le chercher au collège tant il était évident que j'aurais mon BAC. Pas de journée d'appel non plus, pas de diplôme de théâtre, rien. Comprenez ma révolte.

 

Poussières au soleil

Le 27/06/2022

Je dois écrire quelque chose pour moi. Le silence ne peut pas recouvrir le bruit, mais nous croyons connaître le silence. Nous connaissons parfois différentes qualités de bruits que nous appelons « silences » mais à part cette forme d'abandon dans le sommeil, nous n'en n'avons pas réellement l'expérience. Mes parents avancent en âge et mon grand-père, une de mes tantes, un oncle, Pedro et d'autres ne seront plus avec moi que par leurs silences, le silence de leurs voix, de leurs chants, de leurs rires, de leurs colères, de leurs coups de fil... de certaines de leurs histoires aussi, des choses qu'ils auraient peut-être aimé partager avec moi, et n'en n'ont pas eu le temps... ou l'occasion... Pour tous les cas de ces décès, je ne peux rien soustraire ou ajouter à ce qui a été. Le temps, avec ses différentes lumières changera ce qu'il voudra. Et j'ai beau parler tant que possible, si demain je dois quitter quelqu'un de proche j'en voudrai à la vie, au monde entier. Pour tout l'amour qui déborderait de mes cauchemars, de ces cauchemars : j'aurais dû lui dire, plus encore, que je l'aimais. L'impuissance qu'on croyait connaître, on n'en connaissait rien. Des relations si douces pour des questions si dures, cette injustice semble venir d'une autre planète. Et tout ce qui est doit y passer, j'en oubliais mon chat. Et mon bambou. La liste est très longue en réalité, les premiers joujoux perdus, les premiers sourires évanouis, la première grosse blessure, si je pouvais avoir ça en tête dans une telle situation... Je ne me sens pas prête du tout. Mieux armée qu'il y a peu, mais pas prête. Est-ce que je vais réagir comme Jeanne d'Arc ou comme Pierre Richard je ne sais pas. Mon travail sera de redonner du sens à ces événements. J'aurai un devoir de mémoire, de narration. Puisque j'ai choisi de croire au langage, c'est une mission. Jusqu'à remettre un peu de ces vies dans la mienne, dans mon cœur. Je voudrais tant pouvoir téléphoner à mes parents pendant toute ma vie...

 

Rome

Le 03/09/2021

Rome. Du rose là où il n'y a pas d'or, la fraîcheur des fontaines et les sourires des mendiants. L'ombre repose mes paupières et les ruelles pavées donnent sur l'immense. Les statues sévères ou moqueuses, les saints en acceptation. La douceur des marbres où la mesure côtoie l'impensable, les héros perchés si haut qu'on ne peut pas les voir… Les muscles, les os ont fait couler tant de sueur, les yeux exorbités infatigables malgré la poussière, non, il ne peut pas y avoir de fin ni de commencement à tout ça, il y a forcément une histoire, quelque chose qui porte, qui souffle. Les plafonds sont d'une insolence redoutable. Nous, si petits, nous avons eu des frères qui sont allés jusque là. La lumière est là mais elle entoure comme une mère, elle murmure, inlassablement. Parfois cela paraît même trop, les dorures ne sont jamais assez dorées, le milieu jamais parfait, les promesses feraient presque rire. Il y a des pêchés d'orgueil, sans doute : cela déborde. L'humain déborde sur le divin et inversement. Il y a une brume à Rome, un fil tendu sous les pas de tant de sourires. Plus qu'un mystère, l'union de la gravité au délice. 
La gastronomie des gentils rieurs que sont les romains vous comble. Je n'ai pas de mots. Subtile, sophistiquée, simple, douce. Il faut goûter.
Les escaliers ne posent pas de problèmes. De toute façon la surprise vous poursuit : à Rome, tout n'est que trompe l'œil, jusqu'à preuve du contraire. Et rien n'est plus construit que ses ruines. Un avant-goût d'un je-ne-sais-quoi, un éclat de rire du passé. Notre violence moderne est diffuse et hargneuse. Celle des romains antiques explosait sans problèmes. Je ne pense pas que nous ayons fait au mieux aujourd'hui, mais je pense que les romains antiques avaient un rapport plus saint à la violence. On peut mieux, c'est certain…
Le goût est évidemment aussi dans les boutiques. Les italiens sont élégants tout le monde le sait, et cette élégance se manifeste dans tout un tas de styles . . .
J'ai gardé un peu de cette Rome dans mon regard. J'ai gardé le rose, l'or, les trompe-l'œil. Le reste me poursuivra dans le baroque de mes cauchemars, dans la solidité de mes amitiés.

 

Peindre

Le 25/04/2021

Peindre, c’est de l’audace accueillie par de la douceur. L’audace jette, la travailler demande de la minutie. Combler les manques, gommer les excès. Si une figure arrive, la soigner, comme on soigne une plaie. Aimer, aimer quoi ? Soi-même, peut-être. S’entourer de couleurs, de signes. Construire le palais où loge son âme. Entrer au royaume des cieux, le temps d’une rencontre.

Savoir, simplement savoir ce dont la toile a besoin. Les dés ayant été jetés, « faire avec ». Assumer d’avoir pris le pinceau et d’en être arrivé là. Assumer de, pour un instant au moins, se trouver artiste. Raconter une histoire. L’histoire d’une solitude qui se suffit. L’histoire d’un regard qui se tourne vers l’intérieur et qui y trouve une joie. On dit que le tableau doit être « heureux », mais le temps de peindre, tout est heureux. Accueillir ce cadeau du ciel, cette liberté d’exprimer. Permettre, permettre le souffle qu’il se libère. Les couleurs se soutiennent comme se soutiennent des résistants à la dictature de l’ennui. Il y a du martial, de la confrontation. De l’oxymore. Tous les éléments sont liés intimement mais s’opposent sur un autre plan. Pendant l’acte de peindre, le cerveau s’amuse. Les pensées se suivent, sans bouleversement. C’est comme une musique douce, et le cœur est léger. Il est possible que le travail gêne, que l’on s’agace un peu. Parce qu’on s’éloigne du propos, on s’éloigne de ce que l’on a sur le cœur, on n’est pas « dedans », on ne marche plus sur le fil. Pourtant, quelque chose de très précis est endormi là, quelque part. Donc savoir cela. Juste savoir que cela va aboutir. C’est ou moi, ou rien. Je compose une œuvre qui sera témoin de mon comportement, une œuvre qui parlera de ce qui parle en moi, un ramassis de présent. Un rêve. On part avec une idée, et puis on fait voyager cette idée, on la transforme, on l’abandonne… Et parfois, lorsqu’on a atteint une technique suffisante, on réalise exactement ce que l’on avait en tête. Il ne faut pas avoir peur du défi de son âme, il ne faut pas avoir peur du désir premier. Si cela est à l’intérieur, c’est que quelque chose est prêt, peu importe quoi.

Se laisser surprendre. Comme lorsqu’on marche dans la nature, et que l’on rencontre un animal inattendu. Peu importe la taille de cet animal, s’il est là, il va falloir composer avec lui. Il va falloir qu’il ressente votre présence, il va falloir soigner son attitude en fonction de ses réactions. Comme on dit, c’est plus lui qui a peur de vous que l’inverse. La conscience n’est pas en béton armé. Elle est douce et souple, elle accueille, elle voyage et elle témoigne. Elle s’enrichit de ses pertes. Elle est là, toujours sur la toile, qu’elle soit encore blanche ou non, la conscience est toujours là, plus ou moins souffrante.

Les détails sont comme des points d’exclamation. Si l’on use des détails, l’important est que ces détails composent la douceur nécessaire à l’expression. On disait de Racine qu’il était le « doux Racine », ce n’est pas par hasard. Lui qui peignait de grandes violences, il respectait toujours le souffle de l’âme, la vulnérabilité de l’excès. On parle aussi du « souffle de Jésus ». Les bouddhistes parlent de « respirer ». La respiration est aussi capitale pour les sportifs, les acteurs. La respiration en peinture est une affaire complexe. C’est elle qui donnera la profondeur de l’œuvre. Prendre garde à ce qu’il y ait au moins trois plans différents, trois petits univers, trois marches vers le ciel.

Peindre est également un acte sensuel. Le peintre jouit de donner du sens. Il jouit de faire émerger des formes, de les voir se répondre. Les rappels sont importants, rappels de couleurs à différents endroits, rappels de signes, pourquoi pas, rappels de nuances, presque d’intentions…

On compose avec l’absence. L’humilité de laisser certaines choses au hasard, de laisser du blanc… On pourrait laisser la toile blanche et la nommer « angoisse ». Se réjouir des accidents, chose beaucoup plus simple en peinture qu’en réalité, alors profitons-en. La beauté demande une méditation, une méditation ni débutée ni totale, la simple empreinte d’un dépassement. Un dépassement émotionnel pour ainsi dire, un dépassement qui peut aussi être intellectuel, ou bien technique, comme souvent, bref, une transcendance. « Je suis ici, et là, et là, et là. »

Comme lorsque l’on pratique des étirements, veillons à ne pas souffrir. La création ne supporte pas le tragique. Même s’il est possible de peindre quelque chose d’intéressant alors qu’on est en larmes et que l’on en veut au monde entier, dans ces cas-là, l’acte de peindre se fait avec le petit restant d’oxygène qui devient alors très précieux. On peut souffrir en peignant, mais alors on ne souffre pas de sa peinture. Le pinceau n’est pas un ennemi.

Je ne sais pas pourquoi je me sens si bien alors que je peins. J’ai toujours la certitude que cela sera bon, profitable, satisfaisant, jouissif, important… Je suis tranquille, lorsque je peins. Même si je râle, alors j’aime bien râler, je me sens utile.

Utile à quoi ? Je crois que je cherche à « ouvrir des rêves ». Proposer d’autres chemins pour arriver au Soi. Proposer de nouveaux miroirs, un confort différent, placé là malgré tout.

Dépasser la fusion d’entre le cœur et l’attachement. Peindre peut nous mettre en évidence cet art de vivre : profiter de tout ce qui peut concourir à alimenter le bonheur, comme lorsqu’un escaladeur trouve les prises les plus utiles, les plus disponibles, les plus évidentes. Ce qui se présente, le traiter.

Ne pas avoir peur de son mécontentement. Il est presque toujours légitime.

Il peut souvent délivrer une grande générosité alors qu’on n’y croyait plus. Comment reconnait-on cette générosité ? L’intensité de la présence. Il faut absolument être capable de ressentir une présence puissante, certains enfants connaissent cela très tôt, et beaucoup d’adultes en sont incapables. De l’amour en rythme et en couleur. Nous arrivons à vouloir expliquer l’inexplicable : pourquoi je ressens une présence là où d’autres ne voient rien, et inversement ?

            Il existe certaines techniques employées de manière à ce qu’elles séduisent énormément de gens, de très loin de la plupart des autres. L’humour alors peut être une clé intéressante. Ce qui fait vraiment rire quelqu’un fait souvent rire beaucoup de monde. Mais la beauté en tant que telle, est parfois difficile à cerner. On peut se fourvoyer fasse à un visionnaire, à quelqu’un dont on ne connait pas l’univers exact, seulement voilà : tout le monde n’a pas d’univers poétique, cela ne s’achète pas en supermarché. Tant qu’on n’a pas son esthétique, sa marque de fabrique, sa spécialisation, on flotte dans le hasard et on ne rencontre que l’incertitude. Et cela en n’importe quelle matière. Chacun a son talent, artistique ou artisan, professionnel ou amateur. Il est question de dépasser ce quelque chose du quotidien, dépasser l’or de nos relations, l’or de nos joies. Il est capital de créer pour tout le monde.

            Sinon, vraiment, à quoi bon ? A quoi bon vivre toutes ces expériences, rencontrer toutes ces situations, ces personnes fabuleuses, dépasser ses vices et sa misère, s’il n’y a aucune trace de cela, même éphémère, pourquoi se fatiguer autant ? Est-ce qu’on n’a reçu cette personnalité pour l’enterrer ou pour la révéler ?

            Est-ce qu’il n’est pas fabuleux de se rencontrer dans cette cinquième dimension, cet espace improbable, et d’y communiquer ses discours et son regard sur le monde ?

            D’ailleurs, la création artistique ou artisanale est un petit espace pour s’entraîner à vivre. Un jour, on a le cœur plus apte à la conscience, pourquoi, comment je ne sais pas. On dit que les gens arrêtent la guerre quand ils en ont marre. C’est une question délicate. Mais un jour envisager la vie comme un art devient possible. C’est mon comportement, qui trace ces couleurs. C’est mon comportement qui me rassure ou qui m’effraie. C’est mon comportement qui m’indique où aller, qui trace une unité dans l’espace. C’est mon comportement qui dit mes pensées, mes rêves, mes réalisations, mes actes. Si je veux découvrir quelque chose de neuf, je dois interroger mon comportement. « Qui suis-je avec ? »

            Qui suis-je avec mes peurs ou mes désirs, qui suis-je avec ceux que j’aime, ceux que j’aime moins, ce que j’aime faire, ce que je voudrais faire ou réaliser. Qui suis-je comme électeur, comme client, comme enfant, comme parent, quelle est ma part d’ignorance ou de stupidité, qui suis-je avec la misère ?

            Qui suis-je enfin avec mon corps, l’enveloppe de ce que je sais. Traduire grâce à la matière, ces émotions en sentiments, en beautés. Ce que je peins, je l’écarte de mon cœur. Mon cœur amasse certains poids au cours de ma vie, ce n’est que du recyclage. Mon cœur est léger pendant l’acte, et cette légèreté ne demande qu’à habiter mon comportement au quotidien. La pelote basque exprime très bien cet art de vivre. Peur ou désir, ou manque : la balle frappe et on l’accueillit, parfois avec un geste grâcieux, parfois presque comme un réflexe. Mais elle fait le voyage, il se passe des choses. Il est très rare qu’elle ne soit pas récupérée.

            On parle de « voir » mais il y a des aveugles, on parle d’une vie « difficile » mais certains survivent en agonie, l’art, lui, peut vivre sous n’importe quelle forme. Tant qu’il y a respiration, il y a de l’art. Sa particularité est qu’il agit sur différents niveaux de conscience, l’artiste n’a pas tout compris. Et qu’on le veuille ou non, nous racontons une histoire, l’histoire de notre vie compte pour quelqu’un quelque part. Peut-être que cette histoire fera parler des chiffres, eux-mêmes significatifs des lacunes de l’inconscience humaine. Peut-être que l’histoire de vie la plus misérable intéressera des sociologues, des patrons, des politiciens, des rebelles.

            L’expression artistique n’est qu’un révélateur du travail en cours dans l’univers de celui qui la délivre.

            Il est un fait que nous connaissons tous notre enfer. Nous souffrons le martyr à la naissance, et bien qu’évidemment notre conscience la plus lisible ait oublié très vite ce moment, nous l’avons enregistrée quelque part. La vie alors peut être plus ou moins ingrate. Et le poids de la douleur met en évidence la taille du problème. Lorsqu’on a beaucoup souffert, on sait plus facilement de quoi il est question en matière de délivrance. On perçoit mieux l’ennemi. Mais je vous en prie, laissez-faire la vie ! Nous avons tous notre heure, celle de la délivrance comme celle de la mort, le but ultime est le « non-agir » : rester spectateur de ce qui est et de ce sur quoi nous n’avons aucun pouvoir.

            On ne force pas le destin, c’est un effort inutile et même néfaste. Soutenir quelqu’un dans la douleur c’est lui ouvrir les yeux sur ce qu’il est libre de changer ou non. Quand les couleurs sont sales il faut y remédier.

            Il faut être un peu amoureux du sujet. S’il y a un modèle, n’en reproduire que ce que l’on aime. Ne garder de cette rencontre seulement ce que l’on a trouvé beau, dans la gravité comme dans la légèreté. Je cherche autant la douceur que la profondeur. Essayez de ressentir ce qui fait que vous êtes vous-même. Essayez de ressentir quelles pourraient être les couleurs qui traduiraient de la manière la plus fidèle cette présence. Pourquoi pas avec humour. Mais du « Vrai ». Vous pouvez faire cet exercice avec les gens que vous aimez ou ceux qui vous posent vraiment problème, vous pouvez penser à des situations, l’important est que ces visions ne soient pas trop chargées… Je pense qu’il faut commencer simple.

            Evidemment lorsqu’on a acquis une technique importante, on peut s’éclater à faire beaucoup de graphisme et à fournir énormément de détails, virer dans l’illustration… Mais je parle de la peinture, et j’en parle comme de la mienne. Et si je pouvais aider quelqu’un sur ce chemin, je serais ravie.

            Ayez confiance en ce qui vous entoure. Ce qui vous touche de près est capital. Tout ce qui vous touche de près doit être dit d’une manière ou d’une autre, peinture ou autres. L’utilisation du temps est également tout-à-fait personnelle. Je peux passer un temps fou à visionner en moi-même ce que je désire exprimer, je peux me lancer, comme ça, je peux m’interrompre des minutes, des heures, des jours, des semaines, des mois. Je peux avoir besoin de l’avis des autres, pourquoi pas – tant que ces conseils et directions ne prennent pas une importance disproportionnée. Il ne faut jamais que quelque chose ne prenne « toute la place ».  Dans ces cas-là, respirer doucement, et essayer de penser que vous finirez par mettre de l’ordre dans tout ça, et que visiblement, il y a de la matière. Un artiste est toujours ravi d’avoir un nouveau challenge. C’est le résultat d’un mental « assaini », le travail épuisant de l’ego à vouloir tout ramener à lui : par la peinture on s’approprie ce dont on se croyait être victime, et le cœur est libéré. 

 

Lulu pas contente

Le 15/07/2021

Alors il y a une idée que je ne voudrais vraiment pas soutenir, et en en voyant la publicité je me suis dit que je m’étais mal exprimée, à propos des « bienveillants ». Certes, je parlais d’un peuple. Mais j’aurais dû préciser que c’était un peuple que l’on pouvait quitter ou rejoindre pour un oui ou pour un non. J’ai entendu parler des « hypersensibles » comme des surhommes, et ça me saoule. Et alors donc comme ça il faudrait que nos dirigeants soient hypersensibles parce que les hypersensibles sont gentils et mignons. Personne n’est à l’abris de faire une gaffe, et un bon politicien en est un s’il se sent particulièrement concerné par le bon-vivre de son pays, sa culture, ses difficultés et son économie.

Et bien sûr, s’il a réussi des études sérieuses à ce propos. Arrêtons de chercher un peuple élu. Nous avons besoin de débat. J’ai entendu dire que les hypersensibles avaient des « pouvoirs magiques ». Super. Ceux qui n’en n’ont pas ou plus ou pas encore les ont cachés, il ne me semble pas que cela soit un scoop. Il faut faire très, très, très attention à ce genre de regroupements qui se prétendent comme sauveurs. Ça me fait bien chier de le dire, mais même la méditation n’est pas une baguette magique. Et ni la psychanalyse, ni la psychothérapie, ni les psychotropes, ni les retraites religieuses, ni l’art, ni les voyages, ni les relations ni le sexe ni l’amour ni les médicaments ni les plantes ne nous rendrons heureux à coups sûr. Il n’y a qu’un moment particulier où l’on est prêt à entendre quelque chose qui va nous soulager. En attendant il faut aimer la vie, et cultiver l’amour. Et ne pas s’imaginer d’être capable de quoi que ce soit d’autre. 

 

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