loupiote
Compagnie de l'Oiseau-Mouche Roubaix
Le 26/08/2023
Je suis comédienne, un rêve d'enfant. Un rêve retrouvé, après avoir été boudé. Je voudrais aider à préserver les mots de Molière. Je voudrais faire rire, continuer à me surprendre et à surprendre les autres.
Je voudrais vivre les mots, le souvenir et l'imaginaire. Je voudrais penser par le corps, par l'espace et le souffle. Respecter chaque lettre que l'on m'ordonne, respecter, encore et encore. Je veux que des mots, répétés par mes soins, à être toujours différents dansent dans mon imaginaire à partager. Je veux que mon univers soit en expansion. Je veux réaliser, par ma vigilance, la victoire du verbe sur l'assourdissement de l'injonction sociétale. Parfois d'un silence plus doux que celui d'un arbre fleurissant.
Être là et au moment où le rêve prend chair et voix.
Peiner à apprendre les signes d'une littérature qui ne demande qu'à sortir de ses chaînes, chercher où, quand pourrait éclore à nouveau le miracle : malgré le monde, nous parlons.
- Commentaires textes : Écrire
vie et non vie
Le 21/08/2023
Je pense que l'euthanasie et l'avortement peuvent être utiles pour trancher net dans la non-vie. J'entends par là toute vie qui ne respire pas ou plus. Si un enfant n'est pas désiré, alors la vie, qui déjà n'est pas simple pour le premier venu, sera évidemment bien plus complexe, et je n'ai pas besoin d'être neurologue pour dire que l'affection d'un parent pour son enfant durant les six premiers mois est capitale pour son énergie. J'ai déjà entendu, et j'en suis sûre, un ancien déporté d’Auschwitz dire au risque de semer l'incompréhension, qu'il pensait qu'une personne qui n'avait pas connu l'amour de sa mère devait connaître la souffrance des victimes des déportés par les nazis. Que dire de l'époux qui ne reconnaît plus sa femme ni ses enfants, qui délire et qui souffre en son for intérieur ? Ces vies infimes et faibles ont besoin d'être libérées à mon avis. Je peux me tromper, la question n'est pas simple mais j'ai cette conviction.
C'est surtout que je pense qu'on se fourvoie lorsqu'on envoie chercher de la vie sur Mars alors qu'il existe tant d'espaces de « non-vie » sur notre planète en colère. Ceux qui sont réduits à faire semblant de vivre, doivent connaître un miracle pour s'en sortir et je crois aux miracles. Mais je ne me sentirais pas le droit d'imposer à qui que ce soit de vivre sans savoir pour combien de temps, une misère que j'ai connue et dont je sais qu'elle reste relative. Il arrive que tout s'éteigne, que plus rien ne compte. J'ai tenu parce que j'ai reçu beaucoup d'amour et que j'ai beaucoup rêvé. Il peut m'arriver encore de tomber dans le piège de la pensée compulsive, de vouloir du résultat absolument tout-de-suite, victime comme tant de gens des injonctions de cette société malade. Et je crois que le Seigneur n'entend que les prières désespérées. Je crois que cette planète aussi retrouvera sa santé. Nous sommes de mauvais gnomes mais la Nature nous a donné de gros cœurs. Comment répondre à la tentation ? Il faut se faire à mon sens une amie de la tentation, c'est elle qui nous parle de ce qui nous entoure au plus proche, c'est avec elle que nous devons composer, il nous faut arborer un large sourire en la travaillant comme du bon pain.
Et apprendre de notre esprit à ne pas voir trop loin, après-tout faire la vaisselle est distrayant, faire le ménage est rassurant et plutôt doux quand on y pense (j'écris cela pour m'en convaincre pleinement) faire du sport est important pour la santé, partout où se trouve la tentation se trouve un petit trésor de plaisir sain qui reste caché là.
Mais je dois avouer que je reste persuadée que la paix intérieure est totalement personnelle et originale. Je ne fais que travailler la mienne en espérant partager un peu de bonheur, ou de rêve ou d'espérance. Je me souviens avoir détesté les premiers écrits spirituels que j'ai rencontrés (en même temps, ils étaient placardés dans des chiottes) mais bon, même après ça je ne comprenais pas, j'avais l'impression qu'on me faisait une mauvaise publicité de ce qu'il y avait au fond de moi. De mon âme on va dire.
Et je pense que je n'avais pas si tort, je pense que tout ce qui fait autorité dans nos vies intellectuelles doit être reconquis, il faut regagner l'âme des belles lettres. Et tous les moyens sont bons. Mais surtout je crois qu'il faut être généreux, tant qu'il en est encore possible. Une personne mortifiée ne peut plus vraiment être généreuse, je pense. Et se rendre compte que l'on ne peut plus rassurer, consoler, sourire, cela vous tue.
Et peut-être allez-vous me demander pourquoi ne pas tuer les gens qui souffrent trop en général après-tout, si l'on suit ma logique ? C'est que l'âge compte, on n'a pas la même santé à ces deux moments-là, on est plus fragile et on ne connaît pas ou plus l'essentiel. La personne qui souffre à se damner alors que quelque chose est possible selon lui-même et selon les autres- ou bien quelques autres, cela suffit- alors oui je pense qu'elle doit se battre, et malheureusement, si quelqu'un ne trouve aucun secours valable pour lui il donnera fin à sa vie par lui-même, mais là encore j'ai quelques observations. Je pense que le suicide n'est pas une solution parce que cela revient à ne pas jouer le jeu. Je pense que cela ne présage rien de bon pour ce qui suit la vie terrestre, et qu'en plus de ça, le temps que l'on met à mourir de cette façon est insupportable. Pour la simple et bonne raison qu'on n'a aucune idée d'où cela peut mener. Donc il ne s'agit ni de courage ni de paresse, c'est du grotesque, de l'égoïsme. Je ne blâme pas les gens qui ont eu recours à cela, je les plains. Et j'essaie de faire ma vie avec leurs silences. Ces silences sont tellement étranges...
Je vais manger des pâtes avec du pesto et de l'emmental.
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nourritures terrestres
Le 21/08/2023
Je ne sais même pas si je devrais écrire ça...Mais c'est important pour ce que je suis. Je me disais que tout le monde était parfaitement cultivé, au sens où tout le monde était capable de tendresse. Toutes ces informations que nous glanons de droite à gauche , tout ça, est destiné à nous apprendre et réapprendre à dire « je t'aime ».
« Mon histoire filtrée par son contexte », c'est bien joli mais c'est du vent, tout ça n'est que du vent.
Ce qui compte c'est le « je t'aime ». Peu importe le nombre, peu importe la qualité même, le tout est de ne pas faire trop de dégâts. En soi comme à l'extérieur. Pour aiguiser notre tendresse, il faut connaître la mesure et la nuance. Ne pas assourdir, mais ne pas perdre. Et si cela doit être maladroit, tant pis.
Avoir confiance au non-physique comme s'il était aussi concret que le physique.
Je me suis beaucoup interrogée sur la misère, le grotesque, l'obsession, la torture. Et je crois que la seule chose qui puisse permettre de s'en sortir est un grand coup de chance. Il existe de la non-vie sur Terre. Quand la nuance et la mesure sont rayées de la carte, c'est l'apnée, ce qu'on peut appeler la « mort », à plus juste titre que la fin de l'existence physique. On apprend ce que l'on doit apprendre, on trouve la douceur là où elle nous mène et n'est idiot que celui qui fait trop de dégâts. Est-ce que les oiseaux se disent « je t'aime » ou « considérez-moi bordel de merde » ?
Posons-nous la question. Mais nous savons de quoi ils ont besoin, comme les plantes, les pierres (sculptures etc) et les chaussures.
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hier est là
Le 21/08/2023
La parano, c'est un complot pour qu'on pense que c'est un complot.
La magie de l'hiver c'est qu'il est aussi chiant quand il arrive que quand il est là.
A étudier de près, tout est infernal.
Aux grands mots les grands re-merde.
Sur Led Zeppelin :
Puissance et fraîcheur
Un idéal de langueur et de légèreté
Passionnément justes
Ils se droguent
Le suicide, c'est un fauteuil roulant pour une égratignure
un conflit qui se résout est mille fois plus beau qu'une absence de conflit.
Maigre pitance que le tout
Mais pourquoi c'est difficile, les mecs ?
L'intérêt de tuer ses vieux démons
C'est de découvrir ceux du quotidien
Un homme qui n'est pas un peu couillon n'est pas un homme.
La loi est là pour me dire ce que j'ai envie de dire
Sans la loi, l'absurde ne pourrait rencontrer le sens
Sur les cons :
Il y a malgré tout des gens pauvres
On a beau dire
Quand la tristesse fait place à tout
Les gens pas intelligents
Ils sont bien là.
Alors faut-il baisser le niveau
Redonner des patates aux cochons
comment rassurer des gens si tranquilles
Dédramatiser l'absence de drames ?
Peut-être qu'ils croient s'amuser quand ils étudient
Et qu'ils croient qu'ils étudient quand ils s'amusent
Je n'y comprends rien
S'il y a un fossé entre toi et moi
Je t'en prie
Reste de ton côté
Toute science sauvage s'échange bien plus qu'elle ne se transmet
Les fourmis, aussi petites, organisées
Aussi perdues que nous
Le beau est violent et le quelconque est délicieux
Oublie la magie que tu désires pour ton lendemain
Hier est là
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sans titre
Le 21/08/2023
Pedro, je me suis rendu compte que tu ne m'avais pas seulement quittée moi, ni seulement quitté ta famille, ni même seulement tous tes proches. Tu as quitté toute la planète, avec ses promesses et ses urgences. Alors qu'il tee restait un cœur, triste, certes mais il te restait un cœur à aimer et capable d'aimer, peut-être pas tout de suite, peut-être difficilement mais avec un peu de temps et de courage la situation pouvait encore largement être désamorcée. Je le sais et si je te pardonne, c'est que j'ai connu mes moments de misère et ce sentiment d'impuissance qui est revenu te hanter tant de fois, tu as décidé que ce serait la fois de trop... Mais tu as abandonné tant de poètes et de créateurs à inspirer, dont moi, tu as abandonné mille et une amours possibles, mille et une amitiés, un milliard de conversations, d'éclats de rire, de consolations...
Je fais donc la promesse, que tant que ma santé mentale et physique me le permettront, de vivre ce que j'ai à vivre en contre-exemple de ton geste, et en ta mémoire. Je suis pour l'euthanasie et pour l'avortement, parce qu'on fait bien d'élaguer les arbres. Mais qu'il me soit permis de ne jamais perdre la tête au point de trahir la vie dans son aspect le plus sacré.
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