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Blog de Lucie Santos

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What else ?

Le 06/01/2016

La galériste
La galériste 

Il y a tant de charme

Dans tous ces chiffres qui racontent

Ma puissance

Mon intelligence

Il y a tant de charme

Dans la violence bleue

De ma voiture et de mes jantes en alliage

Tant de charme

Dans les défaites de ceux qui ont cru m’enterrer

Il y a tant de charme

Dans toutes les conneries qui sont inventées me concernant

Tant de charme, dans l’abstraction béante des additions qu’on pourrait vouloir me faire payer…

Tant de charme, et cette faucheuse qui ne trouve pas sa place, qui danse parfois dans mes cauchemars

Peu importe

Si je rate le bus

Tout ce charme restera invaincu

 

Il y a tant de charme 

Dans les yeux de mes sœurs

Sur le souvenir des lèvres de Pedro

Dans un miel crémeux

Dans le silence de mes lecteurs

Dans le réveil au petit matin

Tant de charme

Chez cet homme qui m’emmerde

A en pleurer d’amour

Tant de charme

Dans la violence de ce délire

Dans la laideur des photos où je souris

Tant de charme, partout où j’espère.

 

 

La seule chose qui nous bouscule, c’est le charme. La seule chose qu’on désire, c’est le charme. C’est la seule chose qu’on accepte, le seul possible. On est éduqué pour apprécier le charme de certaines valeurs. C'est l'empreinte des bonnes choses.

 

L'éconduit, nouvelle

Le 13/10/2015

Le jeune homme à la fleur de coton
Le jeune homme à la fleur de coton 

 

 

L’éconduit

  

C’était un instituteur, éconduit ; d’une part, et d’autre part, je veux dire, l’autre part il ne la connaissait pas ; mais comme on a coutume de vivre les saloperies des petits angelots qu’on connait trop bien, comme une présence tout aussi embarrassante qu’en est la situation, Monsieur Monsieur avait pris coutume de prier la Sainte Vierge de le rester.

Voilà pour le « d’autre part ».

 

La première part, elle-même engluée par la seconde, bien que primordiale face aux seconds tourments vaporeux de Monsieur Monsieur, donc il était cocu. Et cocu, mais alors, au premier dergré s’il vous en prie, ce Monsieur Monsieur, pas cocu par un quelconque gamin tyrannique, ni par une passion lambda, ni pour un écrivain : la bougresse sautait son dentiste. Quelle idée.

Ainsi la Madone s’adonnait à soulager la poitrine de Monsieur ; par son charisme adorable et diffus, comme dans les songes nocturnes de moultes et moultes Monsieurs et Madames.

 

Comme sa plainte était brûlante ! Pourquoi, mais pourquoi donc Monsieur Monsieur se contentait-il d’un si mauvais destin, mais surtout comment ? Précisément : Monsieur Monsieur laissait, avec la première des sincérités sa propre femme, Madame Monsieur, s’envoyer en l’air avec la naïveté la plus coupable : Monsieur Monsieur était un connard, Monsieur Monsieur était humain.

 

« Les enfants, aujourd’hui, dictée. Mais que personne ne moufte, je vous préviens ! C’est franchement, mais franchement pas le moment de me chercher. C’est compris ? » S’égosilla Monsieur. « Et toi ! » il s’adressait au second éternel de la classe, le petit Robin, un fayot on ne pouvait plus déterminé. « Oui, toi ! Je ne veux pas que tu sois gentil, que tu m’approuves, je ne veux pas que tu me sois UTILE et encore moins FIDELE ! JE NE VEUX PAAAS ! PAAAAAAAS ! »

Immédiatement, Monsieur Monsieur fut surpris de l’effet de son cri du cœur. Les gosses paraissaient tout-à-coups à l’écoute, sages, même vertueux. Ce sentiment qu’avait provoqué Monsieur , une sorte de fierté blessée et intacte à la fois, semblait donner à tous le vertige des désillusions réservées au genre humain. On écoutait, on écoutait le stylo prêt à tout. Monsieur prit une respiration gourmande, et articula «  Quand une PUTE… Je répète, Quand une pute… Vous fait le coup… une… Pute… Bien ! » Les petites têtes blondes inspirées par une orthographe moliéresque, un soleil angélique  berçant leurs joues laiteuses ; goûtaient très certainement à leur prmière heure de concentration honnête et désintéressée.

C’était un véritable Lacrymosa que cette dictée  et c’est dans la plus dense et la plus profonde émotion que Monsieur Monsieur dicta ses derniers mots, dans de délicats et discrets trémolos : « Et c’est telle la colombe…  merdoyante de mazout échouée sur la plage, que seule et sans raison que tu crèveras sans moi , Misérable salope, comme disait le Poète. » Le petit Morange eut une larme. Un silence doux et matinal, bien que d’après-midi.

 

 

Ce jour-là eut un enseignement à Monsieur. Avant douze ans, l’enfant a besoin qu’on s’adresse à l’adulte qui est en lui. Après cet anniversaire, il faut régulièrement lui rappeler ce qu’il était comme enfant. C’était ainsi que quelque chose était possible. Douze ans, c’était l’âge où commencer la musique. La cuisine, l’Amour, peut-être. Faire de ses sourires certains une carapace, un personnage, une identité solides.  Et la Madone sourit à Monsieur, arborant le sourire de son fils. Ce jour là Monsieur pria tant qu’il s’endormit, paisible comme il lui arrivait parfois.

 

Est-ce que ça n’était pas cela, d’ailleurs, qui importait ?

Ce qui arrive parfois, et pas ce dont on rêve, espérant en triompher un jour ?

Une fadeur asiatique, un goût de « revenez-y », un tendre hamburger sauce barbecue ?

La pluie ?

 

Non, il n’y avait pas grand-chose à célébrer ici-bas, sinon le plaisir de célébrer n’importe quoi, mais bien en tant que « n’importe quoi. » Et la Vierge est Vierge. Et certainement que demain le petit Morange va encore foutre la zone dans cette classe , pourtant si solennellement quittée. Le bougre. A peine onze ans qu’il tenait tête à Monsieur et son absence d’agrégation sur son curriculum vitae. Ce petit bamboula de merde. Avec son rap Français, aïe, aïe, aïe, Mon Dieu mais qu’ils étaient tristes et ternes - pas une once d’humour et encore moins de musique, une rébellion sèche et narcissique, des plaintes contre X. Je vous jure.

 

Pour sûr Monsieur votait. Oui et non, comme tout le monde, civique, quoi. , Libé, Le Monde, parfois le courrier international, le canard. Il aimait la Presse. Il évitait ainsi une véritable déréliction patriotique.

Et donc, votait mou. Lors de songes interdits il rêvait de voir Flamby agresser Marianne Chazal avec le machisme le plus total, il la voyait les zygomatiques jusqu’aux tempes, se faire littéralement malmenée, se prendre des torgnoles à la Bertrand Cantat et lui foutre le bureau en l’air, page de pub, désolés.

 

La pute icebérgienne de Monsieur lui écrit une lettre pour le moins hésitante : « Ouaaais, tu voiiiis, j’voudrais pas que t’aies perdu confiance en toiiii… »

Poubelle verte ou poubelle jaune ? La confiance n’existe pas, pauvre saucisse. Il suffit de mener un combat sérieux.

Et Monsieur ne sait toujours pas exercer son métier : il a loupé le coche. Les gamins n’ont pas le feeling, parce que Monsieur Monsieur est un connard… La honte a le pouvoir de fixer les instants. Et Monsieur consulte. Il consulte  comme si son psy en dépendait. Comme s’il n’était pas normal, comme s’il fallait l’être ou non… Comme si les vraies questions faisaient forcément mal, comme si les animaux sociaux ne connaissaient pas la tendresse… Les jeux et les badineries, les inepties totales… abouties ? Non, Monsieur, on n’a pas d’inconscient, Monsieur, l’authenticité a ses déchets…  Mais il n’y a pas de « ne pas savoir ». Certaines choses n’existent pas. Et Monsieur rêve à la poitrine chaste, lourde, pleine et chaude de Marie. – le recueillement le plus doux- Dormir, comme tous ses efforts le méritent, et payer sa place au purgatoire. L’injustice n’arien der Freudo-Lacanien.

 

 

 

Monsieur Monsieur avait, avec les années, compris quelque chose de doux : moins il chercherait à paraître original, plus il le serait. Sombre et discret, vous êtes sage.

Ha ! Mais alors, mais les gosses, les gosses… Ca non plus, ça ne passe pas. Bien évidemment, oui, d’évidence pure, la pose ne tient pas deux minutes : fort de son enseignement, il se démolit à la première vanne.

« Oh ! ( il frappe du pied sur l’estrade, très mauvais comédien.) On est là pour b… Pour tr… Oh !... Morange ! Au tableau ! »

Le mioche ne se dégonfle pas – il chante « Alice, ça glisse… »

« Ta gueule ! » Mais que se passe-t-il ? Le menton tremblant, Monsieur craque. L’émotion est là, pendant au moins trois minutes…

 

De retour dans ses pénates, Monsieur décide d’oublier ces misères et décide de passer au-delà des ennuis, c’est décidé, il va Commencer. On oublie le mauvais temps, et les mioches, eh ben on va les oublier, la situation amoureuse, on va la redresser, et demain il serait sobre, plein de sang froid, après tout, il montrerait de quoi il serait vraiment capable : pas à la merci de ce petit public exigeant, mais à la merci de toute la raison et la belle philosophie à laquelle jusqu’ici, après tout, il avait fait défaut, ça n’était pas un choix, ici, mais bien une autorisation frileuse, sûrement trop belle…

Et alors ?

Monsieur Monsieur décide de cuisiner, aussi frais que les filets de poisson achetés la veille au petit matin. Et pour cause : il n’a pas d’enfant. Huile d’olive, fines herbes, sel, poivre, citron, le poisson enfourné promet de régaler. Le sourire à nouveau neuf, satisfait et primesautier, Monsieur enlace son épouse. Toujours ce frisson… Douceur… Son élégance… Sa délicatesse… Ses doigts de pianiste et son parfum lilial… Elle. Tout bonnement femme, évidemment de l’être presque trop, il y avait, oui, du trop et c’était exquis.  « Je baise avec le dentiste. »

 

 

Silence.

Le couple se mire dans la salle de bains. Monsieur ne sait pas quoi dire ou faire, il la caresse et ne croit pas à son regard d’épagneul. « Ca suffit, je n’en peux plus. J’ai l’impression de me faire peloter comme une enfant par le dernier des vicelards. »  Elle se dégagea de l’étreinte violemment, et pour toujours d’avec Monsieur Monsieur.

 

 

 

« Quand une pute… » La dictée, elle ne servait plus à rien, mais Monsieur Monsieur, porté par l’énergie du désespoir, sillonnait dans la classe, imperturbable, entre les œufs et les tomates pourris, les rires et les cris de ses tendres chérubins.

 

Au fond Monsieur était deux fois seul : Les gosses abominafreux, sa femme qui le plantait comme un mal-propre. Que faire ? Beckett pouvait dire tout et n’importe quoi : Monsieur ne savait pas chanter.

 

 

« Marie, pardonne-moi de ne pas avoir su boire au souffle sacré de ton fils, de m’en être détourné comme un malpropre… Pardonne-moi d’être un mauvais instituteur, je fais de mon mieux pourtant… Tu le sais alors explique moi, par la Lumière de ton regard, ce qui ne va pas, ce que je ne comprends pas, hélas, je suis un connard, Madone. C’est pour ça que les gamins ne me comprennent pas… » Il se signa. Il fit une promenade dans l’église, observa machinalement les vitraux, qui lui renvoyèrent des battements de cœur. Et puis il s’attarda face à l’orgue immense. Toujours il avait rêvé de jouer « la Carmagnole », surplombant une foule perplexe. Il alluma un cierge qu’il paya consciencieusement un euro cinquante.

 

 

 

Lucie Santos Août 2015

 

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