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Blog de Lucie Santos

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Dehors

Le 17/11/2015

 
Cette Terre est laide, repoussante, à travers un petit jour de la fenêtre, on ressent un gêle qui crispe la peau. A travers cette fenêtre, on voit la gadoue et les têtes de porcs percer les marécages.

Pourquoi y'a-t-il une porte dans cette pièce ?

Les couleurs des murs ont été choisies, de jolis tableaux, une musique dense, profonde, vous saisit de l'intérieur, comme une mère à son enfant.

Pourquoi y'a-t-il une porte dans cette pièce ?

 

La rue Saint Roch

Le 19/01/2016

Mon ami le ch'val Ma maison découpée

Mon ami le ch'val
Mon ami le ch'val 
La rue Saint Roch est gravée dans ma mémoire à jamais. Interroger tout le monde dans la station jusqu’aux escaliers donnant sur la place de l’Opéra noire de monde. Et étincelante de beauté. Il y a du fric, trop de fric pour se perdre en plus dans une angoisse, de celles que je connais, lorsque mes traits se raidissent et que mes neurones réclament une honte insatiable de ne pas avoir vécu comme il le faut.

De mes souvenirs de bipolarité, il y avait mes petites logiques fleuries d’enfant, ou de jeune adolescente. Vers mes douze ans, je déclarais déjà que je détestais l’adolescence. Et pour illustrer ce qu’était cet enfer si doux, je vais raconter une histoire. Prenons donc la jeune Lucie, environs douze ou treize ans, rarement coiffée, (très rarement) alternant crises maniaques plus ou moins contrôlées et supplices subis par ces sales mioches de merde à qui mes questionnements faisaient tant peur.
Donnez un bonbon, alors, à Lucie. Elle n’en veut pas, mais elle veut bien de la gentillesse et pense qu’il sera peut-être un jour utile à je ne sais quoi. Elle n’a pas de poches. Mais un jean stretch et porte de grosses baskets qui font de la lumière, ça a failli être la mode.  Alors Lucie, pressée de répondre à ce dilemme aussi stupide et sans intérêt, coince le bonbon dans le jean stretch sur le côté de euh… de la taille ? Des hanches ? Des jambes ? Par là. Bref le bonbon est gardé sur Lucie, et si jamais il ne tombait, eh bien il tomberait… Dans la basket, tiens ! Logique. En même temps, le pourcentage de perte n’est pas qualitativement parlant insupportable, ça reste un bonbon, bordel. Le souci, c’est si quelqu’un s’en rend compte. Ce doit être mon petit cirque. Le petit système politique de la Cité de mon corps. De toute façon personne ne comprendrait. Je connais les rouages de la logique.



    Dites à l’adulescente Lucie de faire des petites choses, de se donner de petits défis. Comme s’il n’y avait pas mieux à faire. Au lycée les camarades se plaignent qu’on ne « change pas les mentalités. » Ça, ça a de la gueule. Ça c’est une urgence. Je ne dis absolument pas que j’y parviens, mais je m’autorise à rêver un monde toujours meilleur, jusqu’à la paix totale, l’amitié, l’amour, le vin le chant, enfin l’harmonie merde. Pour Lucie il fallait un espoir que tous semblaient avoir laissé mourir. Mais c’est ce qu’on daigne considérer qui nous guide. Et j’ai atteint mon amour propre par un concours de circonstances.

    De même que Mappy m’indiquait huit minutes de marche, de la place de l’Opéra jusqu’à la rue Saint Roch, et d’arriver en retard, à l’heure, en avance, revenir dix fois sur mon idée, me perdre, enrager, toujours m’engager une rue avant la bonne, espérant par ce faire, arriver plus tôt.
Mais la vie n’est pas si mesquine. Et grâce à la rue Saint Roch, j’ai acquis un petit niveau aux échecs. C’est sur la droite de l’avenue de l’Opéra. Ça ne risque vraiment pas de changer. Et si ça changeait, ça ne serait pas ma faute. Si j’arrive à Pyramides il faut rebrousser chemin.

 

 

Morceaux choisis

Le 19/10/2015

Cha Bel Endormi

Cha
Cha 

 

 

Sur moi

Elle déteste les maths

Elle fait bien la différence

Entre « quantitatif » et « qualitatif »

Elle a peur

De dire des horreurs

Sa maison, c’es sa maman

 

Elle épouse les drames

De ses promiscuités

Ne rien rire

Pour dire

 

Il y a du boulot

Trop ou pas assez

Ca veut dire pareil

 

 

 

L’Aïkido

Au moins

Ca muscle

 

 

Sur Benjamin

 

Il est doux

Il a raison

Il est presque là

 

Sur maman

Elle est folle.

 

Sur moi

 

Si ça n’est pas la fête

C’est pas forcément l’horreur

On peut subir

Ou plutôt

Faire acte de s’emmerder

 

Travaille

Tant que le fer est chaud

Le bonheur n’est que le résultat

On peut faire confiance à la vie

 

Sur Miles Davis

Il questionne à peine

Ne répond surtout pas

Effleure le rythme des violences

N’attaque jamais

 

 

 

Maigre pitance que le tout

 

 

 

 

 

 

 

(Plus ou moins) sur le monde

 

Le problème, c’est quand mon monde tourne

Le monde

Des autres

N’existe pas

 

Si le sens est là, je ne le touche pas.

 

A étudier de près, tout est infernal

A vivre, c’est juste un peu bizarre.

 

La magie de l’hiver

C’est qu’il est aussi chiant quand il commence

Que quand il est là.

 

 

 

 

 

 

Sur Led Zeppelin

Puissance et fraîcheur

Un idéal de langueur et de légèreté

Passionnément juste

Ils se droguent.

 

Autre chose

 

On connait quelqu’un quand on a

Décidé de le connaître

Le tout est de se tromper avec plaisir

 

J’écris pour ma santé

Pour que mes jours soient beaux

Je rêve d’un monde totalement poétique

Prière qu’il ne se fasse pas.

 

 

 

 

 

La maladie reviendra-t-elle ?

L’instant est magique et pacifié

Ca devrait la mettre en colère

Maman ?

 

Sur Benjamin

 

Des interrogations

Qui me laissent stupide

Tu n’entends même pas mes mots

Comment t’aider ?

 

Sur M. Bokobza

 

Il ne me répond pas

Je lui écris des tonnes de lettres

Mortes

Pourtant

Nous regardons bien les mêmes étoiles.

 

 

Sur Pedro

 

Tu t’es retiré du jeu

A ton propos

Tous les mots sont éculés

 

L’inspiration n’est que crainte de la mort

 

Les arbres,

Aussi grands, majestueux

Aussi torturés que nous

 

Le suicide,

C’est un fauteuil roulant

Pour une égratignure

 

Un conflit qui se résout

Est mille fois plus beau

Qu’une absence de conflit.

 

Un homme

Qui n’est pas un peu couillon

N’est pas un homme.

 

Aux grands mots les grands re-merde.

 

Les fourmis,

Aussi petites, organisées

Aussi perdues que nous.

 

Le beau est violent et le quelconque est délicieux

 

Aphorismes et bilevesées

Le 26/10/2015

L'envol
L'envol 

Merci Haldol

 

Oublie la Magie

Que tu désires

Pour ton lendemain

Hier est là.

 

Sur Benjamin

A la fois riche et à plaindre

Désiré et fresque fou

Je te souhaite

D’être aimé de moi.

(…)

 

La paix est folle

La liberté est stupide

 

Sur Laëtitia

Ta faible démence

N’est plus qu’un horizon

Et les horizons sont inutiles

 

(…)

 

Sur les maîtres spirituels autoproclamés

 

Ils nous disent qu’il faut

Aimer chacun

Cela prouve qu’ils nous détestent.

 

Quand il ne reste plus rien à

Transformer

Il faut bien transformer ce rien en quelque chose, bordel ?

Tout est si fragile

C’est insupportable

Mais qu’est-ce que c’est bon…

 

Les hontes du passé

Soudain si légères

Le poids de la peur…

 

Aimer demande à renoncer au tout

Il n’y a que le cœur

Si traitre

 

Le collectif me manque

Le public soudain si indulgent

Pourquoi si tôt, pourquoi si tard ?

Adorables questionnements…

 

Des enfants ?

Abolir la tentation de faire comme tout le monde

Là où ce pourrait être criminel.

 

 

 

 

(…)

Sur Mozart

 

Merci d’avoir été parfait

Il fallait bien que quelqu’un s’en

Charge

 

Le plaisir que j’ai d’écrire

Est neuf, vif, incroyable.

Je souhaite à tous ceux que je considère de trouver

Cette tendresse le plus tôt possible.

 

Je dis que les mâles sont couillons

Parce que les femelles ont le beau rôle.

 

La culture n’est pas une question de niveau

Elle plait ou elle déplait.

 

 

On doit combattre la vie par

Crainte de la mort

Et non l’inverse

 

Sur les cons

 

Il y a malgré tout des gens pauvres

On a beau dire

Quand  la tristesse fait place à tout

Les gens pas intelligents

Ils sont bien là.

Alors faut-il baisser le niveau

Redonner des patates aux cochons

Comment rassurer des gens si tranquilles

Dédramatiser l’absence de drames ?

 

Peut-être qu’ils croient s’amuser quand ils étudient

Et qu’ils croient qu’ils étudient quand ils s’amusent

Je n’y comprends rien.

 

S’il y a un fossé entre toi et moi

Je t’en prie

Reste de ton côté.

 

 

(…)

 

Sur maman

Si tu n’avais pas  ouvert toutes les vannes

Comment aurais-je pu t’aimer tant ?

Tu ne liras pas ces lignes (tu parles…)

Aussi je le dis pour mon cœur

Je t’aime.

 

(…)

Aucun principe n’est assez fort

Pour régner sur le monde

Pas même la folie.

 

Mais pourquoi c’est difficile, les mecs ?

L’intérêt de tuer ses vieux démons,

C’est de découvrir ceux du quotidien.

 

Sur la loi

1 L’instinct grégaire est aussi nécessaire

Qu’inutile, comme la rébellion.

2 La loi est là pour me dire

Ce que j’ai envie de dire

3 Sans la loi, l’absurde ne pourrait rencontrer le sens.

 

(…)

 

Sur le Christ

1 Il y a autant d’hommes de cœur

Que d’imbéciles, et ce depuis tout temps.

2 Toute science sauvage

S’échange bien plus qu’elle ne se

Transmet.

3 Si se créer un ami est l’exercice,

Parler à l’universel,

C’est le perdre de vue.

 

(…)

 

La parano,

C’est un complot pour qu’on pense

Que c’est un complot.

 

 

Sur le temps

Bon, il passe, certes,

Mais approximativement

Merci maman

Merci de m’avoir appris à jouer

La frustration si douce

Si nouvelle

 

Je pourrais écrire une chanson

Je n’ai plus envie de ne déranger personne

Et même si l’Autre a de toutes petites oreilles

Elles sont belles, les oreilles de l’Autre 




That’s all, folks !

 

Ma littérature

Le 13/10/2015

L'ours en peluche
L'ours en peluche 

 

Ma littérature

Ce que j’aime dans la littérature : mes larmes. Si ça ne pleure pas pour les questions éternelles de la Cité – ou même ce que je ressens comme un aveu d’échec de la Cité, quand j’ai encore de la haine pour les puissants bien nantis, cette haine véritable et sans espoir de rédemption, je ne lis plus. Tant qu’on écrit des lignes ignorantes et gavées comme on gave les oies, de ces affreux espoirs gratuits.

 

Tant que malgré tant de cœurs généreux et forts, que tant et tant de génies et de pauvres diables échouent  tous ; à la tâche d’un jour écrire les valeurs d'une Cité harmonieuse, de lever les tabous qui toujours l’étranglent, tant que je n’entendrai pas résonner le gong chinois, et que la littérature en reste tranquille, je ne lis plus.
 

Je fuis ces tunnels religieux qui rendent malade. La paix m’importe autant que tous. Mais je le sais. On vibre ou on ne vibre pas. On est sain ou malsain. J’aime quand la littérature me fait rire, mais rire franchement, pas par clichés trouvés dans un quotidien triste, mais plus encore, je préfère quand il y a matière à rire de notre situation absurde, je ris face à l’espoir. Le rêve est devenu cocasse. Et ce depuis longtemps. Les riches, les pauvres. Ha, ha.

 

Ouvrir son cœur n’en n’est pas démodé pour autant.

 

On peut-être poète, gouvernant, salarié, religieux : un traumatisme reste un traumatisme. Je suis sûre que des tas de poètes ont écrit majoritairement sur le traumatisme de leur naissance.

 

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