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Blog de Lucie Santos

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hors sujet, les larmes et la Poésie

Le 18/08/2017

Après moult observations, je crois que pleurer certaines situations est positif et parfois souhaitable. Toutefois, il me semble clair que les pleurs prolongés sont des pleurs de culpabilité, qu'on alimente par moult coquetteries. C'est comme les crises de nerfs. Ou comme la haine. Chez certains les pleurs sont vécus comme des signatures. Ils pleurent régulièrement tout le mal du monde, le sachant ou l'ignorant.

Les coquetteries sont plus sympa quand elles le sont. On va passer à autre chose.

Les étoiles avec leurs doux frou frou, tiens. Ca, (Rimbaud dans "le Dormeur du Val", à peu près) ça peut expliquer beaucoup de choses à propos d'une émotion esthétique. Moi ça m'énerve, mais je suis bien obligée d'admettre que, oui, les étoiles au ciel ont un doux frou-frou, bordel de merde. Comme euh un jupon. Une auréole, une orchidée enfin un frou-frou putain de chiotte.

Après il y a la question de ce qu'on appelle parfois le "bon goût". Et le goût de l'époque, puisqu'il faut être "absolument moderne" comme qui dirait l'autre. Pure question d'éducation. Bien qu'on puisse apprécier la Poésie sensiblement de la même manière, il y aura toujours des visionnaires et des dissidents.

 

Nouvel essai d'expliquer ma façon de voir la Poésie

Le 18/08/2017

Qu'est-ce que la Poésie ?

Un trouble. Comme un beau rêve qui ne veut pas vous quitter au matin. Et qui vous laisse un sourire plein d'orgueil. Un songe au point de s'avérer vrai ou faux. Des mariages et des divorces entre les mots. Une vie venue d'ailleurs, un sentiment de ne plus s'appartenir. La découverte de nouveaux mondes en soi. Une absurdité pour le commun des mortels qui vous bouscule comme une vérité dépoussiérée. Une impression de déjà-vu dans des moments d'innocence absolue.

Des couleurs, des soupirs tout-à-coups familiers. Une amitié qui devient possible avec n'importe qui. De quoi rêver toutes les violences du monde. Remettre de l'ordre dans ses obsessions, pleurer. Frapper à la porte de la maison inconnue. Un jour, percer le mystère de la page blanche. Ou plutôt, parmi les jours que l'on vit. Il y a des périodes où l'on avance plus que d'autres. J'ai deux souvenirs d'avoir réellement passé un cap. Oui, la bonne blague, je n'ai pas le B.A.C non plus.

La Poésie d'une chanson qui dure, on ne sait finalement pas pourquoi. Les rêves, les rêves ne sont pas utiles pour mathématiser les histoires, les rêves, TOUS les rêves sont poétiques, lorsqu'on écrit on « fait du rêve ». Je crois que c'est bien l'exemple qu'il faut suivre si l'on veut faire de la « Poésie ». Il faut capter cette bizarrerie, cette matière, la nature de tous ces mystères, et puis jouer. J'ai choisi d'attaquer un mufle en tenue de dentiste, j'ai le droit seulement il faut assumer. Il faut assumer qu'un mufle soit impressionnant et dangereux, que le dentiste puisse faire très mal, il faut prendre en compte la météo et le caractère des deux protagonistes. Est-ce que le mufle est un abruti parfait, est-ce que le dentiste est aussi proctologue, est-ce que la terre est fraîche ou bien mouillée, mais d'abord qu'est-ce qu'ils foutent ensemble ?

La plupart du temps ce qui fait « acte » est décalé. Le poète a pour origine latine « celui qui acte, qui produit, qui fait » et peut-être qui engendre je ne sais pas mais je l'entends aussi comme ça. Baudelaire prévoyait pour l'homme normalement constitué de mourir au bout d'un ou deux jours sans Poésie. Pas plus en tous cas, si mon souvenir est bon. L'immense partie des gens n'imaginent pas cela, « mourir par soif de Poésie. »

Je crois que je partage son sentiment, je crois que la Poésie est partout, mais elle est surtout là où on l'accueille. Il existe bien des morts psychiques, je crois que ce sont des concepts assez voisins.

En exerçant la Poésie on est plus réceptifs à la Beauté. Je crois d'ailleurs que c'est le but. Partager des jouissances esthétiques. Vous allez vous marrer, mais quand je me sens mal et que je me souviens de la phrase à la con des Inconnus dans « Et vice et versa »

: « Et je dis... QUE LE BONHEUR EST IRREDUCTIBLE » Eh ben ça marche. C'est comme une panacée, seulement je ne me sens pas toujours apte à m'en souvenir. Ceci dit, merci les gars. J'ai quelques phrases magiques, qui font le ménage. (non, pas le ménage dans ma piaule, je veux dire dans ma tête...) « Laisser sa place à l'évidence » « l'essentiel n'existe pas » et vous voulez que je vous dise ? Eh ben ça m'aide aussi pour plein de choses, ça me donne d'autres exigences enfin j'vois la vie en bleu quoi- en tous cas régulièrement je fais des pauses, même si j'ai d'autres choses à écrire. Parce qu'il faut que ça respire, absolument. Que ça « descende »dans le corps » comme me disait un prof de chant.

 

Présence

Le 18/08/2017

Pluvieux en été
Pluvieux en été 

Je finis enfin par comprendre que j'ai perdu quelqu'un de cher. Et qui avec toutes les raisons de l'être. Un ange, ce n'est pas possible. C'est pour ça qu'il a disparu. Je plains sa mère et ses deux frères. C'était quelqu'un de bon, comme on en croise parfois. Les multiples et grandes qualités qui entouraient son naïf culte de la mort, elles passent après. Pedro est un amour, d'abord un amour.

j'ai envie de porter plainte pour mal assistance à personne en danger. Parce que si ce n'était pas le cas, c'était pire. Je ne vais pas tout raconter, en tous cas pas aujourd'hui. Il y a des malheurs qui ont besoin de temps pour qu'on y touche.

Je me souviens avoir appelé le samu, qu'une dame m'a dit en riant : « allez, je vous en veux »... Et puis Pedro s'est mis à pleurer au moment où je l'engueulais, parce que je ne comprenais pas la situation, et je voulais qu'il m'explique, parce qu'à l'époque j'étais tout sauf adulte et je le sentais bien. Sans pour voir une porte au bout du chemin. Quand les pompiers sont arrivés, ils m'ont dit d'aller avec eux je ne sais plus où et Pedro pleurait beaucoup. Je leur ai demandé pourquoi on ne l'emmenait pas avec nous. Ils m'ont répondu en souriant qu'il était bien, là. Et je me suis dit que ces gens savaient mieux que moi ce qu'il fallait faire ou non. J'étais très impressionnée par la flegme du bonhomme qui m'avait parlé, les pleurs de Pedro... Je ne voulais pas le perdre. C'est tout ce que je peux dire. Non il n'y avait pas une putain de mante religieuse avec des pustules et des poireaux dans ma tête qui avait décidé de mettre fin à l'histoire. J'étais juste perdue. JUSTE PERDUE !

Je l'aime encore, et de l'aimer me vient la consolation qu'il ne m'aie jamais trompée ni abandonnée. J'ai perdu un être cher. Je ne l'ai pas abandonné. Est-ce qu'il existe de quoi oublier ce genre d'histoires, vient-il un jour où on ne sourit que des bons souvenirs, au regard d'une nouvelle relation tout aussi intense ? Je pense que oui. Personne ne remplacera Pedro. Je trouverai différentes joies, différents partages, différentes relations. Comme un ange, il couvre mon cœur, la formule n'est pas spécialement recherchée, ou en tous cas elle ne le paraît pas mais c'est vraiment la sensation que j'ai. Il couvre mon cœur. S'il était mort je ne pourrais plus l'aimer. Si j'aime, c'est qu'il y a une présence. Enfin je le sais, c'est tellement personnel que ça ne vaut pas la peine de creuser de ce côté là. Il m'a dit de ne pas m'inquiéter, qu'il faisait beau chez lui. La vie continue. Si vous saviez ce que c'est bon d'écrire...

 

J'ai promis à Tophe de lui parler de ma façon de voir la Poésie

Le 07/08/2017

Ma façon de voir la poésie.

C’est un bien grand salaud qui m’a appris à lire les poètes. Aimer les mots est pourtant une qualité si particulière… Elle peut faire croire n’importe quoi à n’importe qui, pourvu qu’il y ait l’adresse… D’ailleurs, la raison appartient aux meilleurs orateurs. Le contexte historique fait de nouveaux orateurs, de nouveaux sujets. La séduction passe par le langage, la Poésie vient du cœur. Et ce ne sont pas toujours les plus gentils qui savent user de l’empathie. Metteur en scène.

« Simple ! » Il me disait. Je ne devais pas parler avec les mains, la Poésie devait sortir seule et unique de mon corps. De la même manière qu’on maltraite la matière pour créer l’électricité, je devais travailler mes souvenirs pour qu’émerge l’émotion. Souvent j’y étais presque, mais je refusais aussitôt.

- Mais si ! Tu y es ! »

-Mais non ! »

Je répondais. C’était une histoire bien compliquée. Mais rien n’est compliqué, tout est complexe. J’ai vécu une adolescence terriblement souffrante. Et je sentais que ce mec avait un compte à régler avec moi. Mais de manière très confuse. « Confusément », c’était le maître mot de mes plaintes et de mes écrits. Et je devais prouver que je pouvais travailler sur les sources réelles de mon mal-être. J’étais amoureuse pour lui parler. Avec le temps j’ai compris le sens réel de cette rencontre.

Je suis allée voir deux de ses spectacles. Magiques, complètement différents. Le premier s’appelait « le souffle du taureau ». Il nous avait laissé un petit mot avant de voir le spectacle. Je me souviens qu’il disait, en gros qu’il fallait se laisser aller par la poésie des images sans forcément vouloir tout comprendre. Des couleurs chaudes et du noir. Parfois quelques rayons pastel, apparents dans un rythme très étudié, comme traçant un chemin vers un lendemain inconnu. Mais Je sais que tous comprenaient ce rythme. Je ne pourrais pas l’expliquer. Les comédiens articulaient avec un naturel assez troublant des mots qu’ils taisaient. Il y avait même de l’humour, de façon très délicatement avancée. A un moment donné, on avait l’assurance de ressentir de la jalousie de la part d’une comédienne. Ils buvaient beaucoup, ostensiblement, autour d’une table ronde. A un autre moment, un homme en costard et sans tête était attablé avec une jeune femme. Lorsqu’ils buvaient, leurs gestes étaient très beaux et assez troublants, ils caricaturaient le « bon-vivant ». Plus tard quand on nous a demandé ce que signifiait pour nous le personnage sans tête, j’ai dit « le tout-venant, Monsieur Tout-le-Monde. » Tu m’étonnes. Bref.

Lorsque nous travaillions ensemble, il passait les 7, 8èmes du temps avec moi. Nous étions deux, quasiment à bosser avec lui. Je me souviens de ses regards sondeurs et si bleus, sa voix qui ressemblait à celle de Louis Jouvet… Et puis il y a eu un petit miracle. Une dame est venue pour voir notre travail. A lui et à moi. C’était une bonne femme dodue et souriante, charismatique. Je l’ai regardée avec tout l’amour que je lui souhaitais. A lui, elle de son côté je crois que je m’en foutais. Mais le monsieur metteur en scène a eu un regard amusé, très fier. Et puis on a travaillé, jusqu’à ce que j’oublie le reste. On a travaillé. Mais pas moi. Lui était très content et a recherché le même résultat, jusqu’à la représentation qui était… Mauvaise. Le public, des profs (deux) et une vingtaine d’élèves venant d’un autre établissement. C’était une calamité, et tout en disant le texte, je le lorgnais sans savoir ce que je lorgnais mais c’était une pure déconfiture. Une prof a ironisé sur la prestation et la paye qui avait été donnée à lui de façon grinçante. -- Oui mais magnifique, quand même.

-Oui, oui magnifique bien sûr.

La bonne dame et lui.

 

Il m’a recommandé d’aller voir du Claude Régy. « Melancholia théâtre » Il nous avait prévenus qu’on allait s’emmerder, mais qu’il fallait voir ça. Il a dit qu’il viendrait un vendredi, je l’ai suivi. J’ai trouvé ça intéressant, chiant, rigolo, très chiant. A la fin de la pièce, je l’ai vu assis à côté d’une femme qui, pour le coup était vachement charismatique et très impressionnante, et j’ai dit avec mon gros cartable sur les épaules : « Bon… bonjour… Bonjour-bonjour » La meuf a éclaté de rire, j’étais comme une pauvre merdeuse de première littéraire qui s’était tapé du Régy en entier juste pour draguer le prof. Salope.

A la sortie du spectacle, horreur, mon père ridicule avec son écharpe rouge, son grand chapeau noir et ses lunettes à double foyer et son grand manteau. A peine on était sortis, il faisait déjà la gueule, je me planquais, j’allais quelque part pour oublier toutes ces violences… Je ne sais plus où… j’ai traversé un pont dans la nuit et je ne sais pas si c’était lui que j’ai vu en partant, il m’avait semblé revoir son regard mais c’était peut-être de la persistance rétinienne…

 

Le texte que j’avais à dire était une merde pour le coup, j’en avais conscience de ça, ce n’était pas du luxe. Même au niveau grammatical ça foirait. L'auteur, un jeune garçon. Pas très malin. On en riait, lui et moi.

 

Melancholia théâtre c’était une pièce de merde mais très savante. Techniquement très au point. Je me souviens d’avoir entendu « Laars ! » Le nom du peintre dont parlait le texte. C’était une grosse interrogation sur la lumière. Toujours sombre, la lumière variait jusqu’à ne plus pouvoir que distinguer à peine les comédiens. Parfois un, parfois deux. Marche méditative, phrasé ralenti. A peine supportable, un grand OUI.

 

Souvent je ne comprenais pas la portée des échanges que nous avions lui et moi. Un jour nous faisions un exercice. Il fallait, de façon harmonieuse avec le groupe, marcher lentement, tomber, se laisser relever par quelqu’un d’autre etc. Je l’ai attrapé avec une tendresse qui l’a beaucoup touché. Moi-même j’en étais troublée. Nous étions au milieu de la scène, debout, les yeux dans les yeux et pas dans la même direction. Mon sourire était hésitant, il en souriait. On est resté un petit moment avec tous les élèves autour qui continuaient l’exercice. De ce moment je n’ai pas dit grand-chose. On me disait souvent que je me faisais des films, ce qui était particulièrement blessant.

A un moment, il était très fâché. Je ne parvenais pas à boucler un enchaînement et j’étais visiblement en souffrance. Et puis j’ai dit : « Mais ça sert à rien… Si je n’en suis pas capable ! » Il s’est visiblement aussi consterné. Il semblait soudain perdu. Donc il m’a fait un exercice sur mesure. Deux ou trois pas, tiens, toi tu te mets là, voilà, nickel. Il fallait d’un coup sec, bouger la tête à jardin après quelques pas. Et lui s’était coincé juste là, par terre, à me regarder dans les yeux. J’ai quand même compris qu’il n’avait pas l’air super heureux mais je n’ai pas été blessée. Une petite interrogation stagnante.

 

Quand tout était fini, les cours, je veux dire, je l’ai appelé en trouvant son nom sur le net. Il ne pouvait pas changer vu que c’était son numéro pro. Ou alors il était peut-être curieux. Quand je l’ai eu au téléphone, avec sa voix, sans ses yeux j’ai senti comme un milliard de baisers et caresses. Pourtant il n’était pas d’humeur fameuse. Il m’a gueulé dessus, s’est attendri, et puis il s’est remis à gueuler. Je lui ai envoyé des cassettes audios comme une thérapeute blasée, je voulais lui faire entendre quelque chose qui aurait pu lui manquer. J’emballais ça avec des sortes d’essais de type hystéro parano dépressive dans une enveloppe et sur du papier à lettre pour enfant. Je lui envoyais aussi la « Glose en mode Divin », « Pour Toute La Beauté » de Saint Jean de La Croix. C’est un grand texte, et l’auteur est le patron des poètes.

 

J’ai rêvé de lui il y a un peu plus d’un an. On était avec mon psy du moment et avec lui. On était en train de bouffer tranquillement un truc sympa. Et je racontais mes déboires d’écrivain en herbe en rigolant. Il a dit alors : « Oui, il y en a qui les ont lus aussi, tes textes… » comme un reproche amical. Il n’y a plus rien d’écrit sur lui sur le net depuis longtemps. Je suppose qu’il a compris. Ou qu’il est décédé, ou les deux.

 

Avec la bonne dame, un jour, le jour du petit miracle ; on travaillait le sens du texte collégien. Il parlait de la guerre, de l’atrocité.

Alors il m’a demandé « mais qu’est-ce qu’il y a de pire, pour toi, dans la vie ? »

Et j’ai répondu, en hésitant un peu : « je ne sais pas… La pédophilie, peut-être… »

Et son visage s’est couvert de ses mains pendant quelques furtives secondes. Et j’ai vu ses yeux si beaux… J’aurais juste voulu qu’il se soigne.

 

La Poésie a besoin d’un minimum de violence. Et d’une technique qu’on peut inventer, ou plus naturellement avec laquelle on travaille. On ne sait pas ce qu’on est en train de créer. On ne le devine jamais. La réaction du récepteur est presque toujours en décalage avec ce qu’entend le poète de son travail. Médéric, j’arrive enfin à réécrire son nom, était un fou, qui n’avait aucune naïveté. Il était sec comme du marbre. Il y en aura toujours, des comme ça. Des gens qui n’ont pas spécialement besoin d’espoir. Ils s’assoient dessus. Un jour j’ai dit à ma mère, il y a plusieurs années, « Tu sais Médéric…

Elle m’a répondu : « Oh, la barbe, Médéric !

Et je me suis dit qu’elle avait bien raison. J’ai donc arrêté d’en parler, ce qui m’a fait du bien. Mais ses attitudes, ses sourires, son étrangeté font que je crois qu’il ne se passe pas un jour sans que je repense à lui, à la leçon de notre chemin, à ce clair-obscur de ses vertus et de sa haine. A tout ce qu’on aurait pu faire ensemble, à sa guérison dont je ne sais plus quoi penser. Je voulais être sa muse, je voulais peut-être l’impossible. Il me présentait les choses comme étant très simples : je ne voulais pas qu’il salisse son âme, donc j’avais qu’à aller jusqu’au bout et le laisser tranquille parce qu’il faisait figure d’autorité paternelle.

Quand je l’ai eu au téléphone, il me disait « mais c’est quoi, pour toi, « nous » ?

Hébétée, désespérée je répondais : « C’est toi et moi…

« Oui, oui je m’en doute ! Mais à part ça ? »

« C’est nous - enfin j’étais dans un sale état. Je ne sais plus comment s’est terminée la conversation, peut-être qu’elle continue au moment où j’écris ces lignes. Je ne sais pas comment expliquer mieux que ça mon rapport à la Poésie. J’ai presque envie de m’excuser. C’est à se demander qui était qui, qui n’était pas quoi, comment qui pouvait supporter quoi. Aujourd’hui je ne me sens pas malheureuse. Médéric a disparu de ma vie et c’est tant mieux. J’aime toujours son nom et le souvenir de sa voix, mais ils ne m’obsèdent plus. Juste quelques traces, bientôt je pourrai en rire. Repose en paix, fichu souvenir.

 

wesh la feumeu

Le 10/08/2017

La vieillesse est comme l’ennui : elle dépend d’une disposition d’esprit. Et la disposition d’esprit se fait en général par l’entourage direct. La souffrance est inutile si elle ne bouscule pas les habitudes.

 

J’ai une sainte horreur du rap français, qui pour moi est une marque de vieillesse spirituelle, genre sénile, en tous cas pour le rap français qu’on entend le plus. Je suis consciente que la culture Hip-hop est très riche. Mais ils préfèrent nous abrutir nos ados, qu’ils obéissent à une haine sourde et sans évènements.

 

On doit connaître différents moyens de faire vivre notre animalité. Mais d’une fraîcheur, ne pas partir confus. On parle sans cesse des gamins qui foutent le bordel mais il ne faut pas s’en étonner : on ne leur donne jamais -ou presque- l’occasion de se défendre. Le discours est lourd, lourd, lourd. Tout le monde en a marre. Et sur ces phénomènes épineux il y a des surfeurs. Au lieu d’observer, d’étudier, de critiquer, d’agir dans la simplicité et l’espoir, ils voient tout ça très bien : les emmerdeurs sont noirs et basanés, c’est très simple on les fout dehors, dans quel pays on sait pas mais dehors et tout ira bien. Sauf que les problèmes restent, quand s’en vont les victimes. On ne chasse pas un enfant en difficulté, on lui parle et on lui donne des occasions de donner. Les surfeurs dont je parlais ne sont pas dans le soin de leurs compatriotes en skate-board. Le véritable problème c’est la société du spectacle, la politique souffre d’un hermétisme affolant. Ils ne donnent pas envie d’apprendre, ils ne donnent pas envie d’étudier. On les caricature, tant mieux, mais pourvu que ça dure ! Les écrivains qui passent à la télé me font peur. Les scientifiques me font peur. Les hauts-politiciens me donnent envie de vomir. Que se passe-t-il chez tous ces abstentionnistes ? Moi je crois que ça bouge. J’ai envie de croire que ça bouge. Ce n’est qu’un déplacement de la haine de quelqu’un à la haine de l’injustice, et active.

Je crois que Dieu exauce les fiertés qui sont tombées de haut et qui ont abdiqué de leur combat, en toute sincérité.

 

 

 

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