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Blog de Lucie Santos

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Peindre

Le 25/04/2021

Peindre, c’est de l’audace accueillie par de la douceur. L’audace jette, la travailler demande de la minutie. Combler les manques, gommer les excès. Si une figure arrive, la soigner, comme on soigne une plaie. Aimer, aimer quoi ? Soi-même, peut-être. S’entourer de couleurs, de signes. Construire le palais où loge son âme. Entrer au royaume des cieux, le temps d’une rencontre.

Savoir, simplement savoir ce dont la toile a besoin. Les dés ayant été jetés, « faire avec ». Assumer d’avoir pris le pinceau et d’en être arrivé là. Assumer de, pour un instant au moins, se trouver artiste. Raconter une histoire. L’histoire d’une solitude qui se suffit. L’histoire d’un regard qui se tourne vers l’intérieur et qui y trouve une joie. On dit que le tableau doit être « heureux », mais le temps de peindre, tout est heureux. Accueillir ce cadeau du ciel, cette liberté d’exprimer. Permettre, permettre le souffle qu’il se libère. Les couleurs se soutiennent comme se soutiennent des résistants à la dictature de l’ennui. Il y a du martial, de la confrontation. De l’oxymore. Tous les éléments sont liés intimement mais s’opposent sur un autre plan. Pendant l’acte de peindre, le cerveau s’amuse. Les pensées se suivent, sans bouleversement. C’est comme une musique douce, et le cœur est léger. Il est possible que le travail gêne, que l’on s’agace un peu. Parce qu’on s’éloigne du propos, on s’éloigne de ce que l’on a sur le cœur, on n’est pas « dedans », on ne marche plus sur le fil. Pourtant, quelque chose de très précis est endormi là, quelque part. Donc savoir cela. Juste savoir que cela va aboutir. C’est ou moi, ou rien. Je compose une œuvre qui sera témoin de mon comportement, une œuvre qui parlera de ce qui parle en moi, un ramassis de présent. Un rêve. On part avec une idée, et puis on fait voyager cette idée, on la transforme, on l’abandonne… Et parfois, lorsqu’on a atteint une technique suffisante, on réalise exactement ce que l’on avait en tête. Il ne faut pas avoir peur du défi de son âme, il ne faut pas avoir peur du désir premier. Si cela est à l’intérieur, c’est que quelque chose est prêt, peu importe quoi.

Se laisser surprendre. Comme lorsqu’on marche dans la nature, et que l’on rencontre un animal inattendu. Peu importe la taille de cet animal, s’il est là, il va falloir composer avec lui. Il va falloir qu’il ressente votre présence, il va falloir soigner son attitude en fonction de ses réactions. Comme on dit, c’est plus lui qui a peur de vous que l’inverse. La conscience n’est pas en béton armé. Elle est douce et souple, elle accueille, elle voyage et elle témoigne. Elle s’enrichit de ses pertes. Elle est là, toujours sur la toile, qu’elle soit encore blanche ou non, la conscience est toujours là, plus ou moins souffrante.

Les détails sont comme des points d’exclamation. Si l’on use des détails, l’important est que ces détails composent la douceur nécessaire à l’expression. On disait de Racine qu’il était le « doux Racine », ce n’est pas par hasard. Lui qui peignait de grandes violences, il respectait toujours le souffle de l’âme, la vulnérabilité de l’excès. On parle aussi du « souffle de Jésus ». Les bouddhistes parlent de « respirer ». La respiration est aussi capitale pour les sportifs, les acteurs. La respiration en peinture est une affaire complexe. C’est elle qui donnera la profondeur de l’œuvre. Prendre garde à ce qu’il y ait au moins trois plans différents, trois petits univers, trois marches vers le ciel.

Peindre est également un acte sensuel. Le peintre jouit de donner du sens. Il jouit de faire émerger des formes, de les voir se répondre. Les rappels sont importants, rappels de couleurs à différents endroits, rappels de signes, pourquoi pas, rappels de nuances, presque d’intentions…

On compose avec l’absence. L’humilité de laisser certaines choses au hasard, de laisser du blanc… On pourrait laisser la toile blanche et la nommer « angoisse ». Se réjouir des accidents, chose beaucoup plus simple en peinture qu’en réalité, alors profitons-en. La beauté demande une méditation, une méditation ni débutée ni totale, la simple empreinte d’un dépassement. Un dépassement émotionnel pour ainsi dire, un dépassement qui peut aussi être intellectuel, ou bien technique, comme souvent, bref, une transcendance. « Je suis ici, et là, et là, et là. »

Comme lorsque l’on pratique des étirements, veillons à ne pas souffrir. La création ne supporte pas le tragique. Même s’il est possible de peindre quelque chose d’intéressant alors qu’on est en larmes et que l’on en veut au monde entier, dans ces cas-là, l’acte de peindre se fait avec le petit restant d’oxygène qui devient alors très précieux. On peut souffrir en peignant, mais alors on ne souffre pas de sa peinture. Le pinceau n’est pas un ennemi.

Je ne sais pas pourquoi je me sens si bien alors que je peins. J’ai toujours la certitude que cela sera bon, profitable, satisfaisant, jouissif, important… Je suis tranquille, lorsque je peins. Même si je râle, alors j’aime bien râler, je me sens utile.

Utile à quoi ? Je crois que je cherche à « ouvrir des rêves ». Proposer d’autres chemins pour arriver au Soi. Proposer de nouveaux miroirs, un confort différent, placé là malgré tout.

Dépasser la fusion d’entre le cœur et l’attachement. Peindre peut nous mettre en évidence cet art de vivre : profiter de tout ce qui peut concourir à alimenter le bonheur, comme lorsqu’un escaladeur trouve les prises les plus utiles, les plus disponibles, les plus évidentes. Ce qui se présente, le traiter.

Ne pas avoir peur de son mécontentement. Il est presque toujours légitime.

Il peut souvent délivrer une grande générosité alors qu’on n’y croyait plus. Comment reconnait-on cette générosité ? L’intensité de la présence. Il faut absolument être capable de ressentir une présence puissante, certains enfants connaissent cela très tôt, et beaucoup d’adultes en sont incapables. De l’amour en rythme et en couleur. Nous arrivons à vouloir expliquer l’inexplicable : pourquoi je ressens une présence là où d’autres ne voient rien, et inversement ?

            Il existe certaines techniques employées de manière à ce qu’elles séduisent énormément de gens, de très loin de la plupart des autres. L’humour alors peut être une clé intéressante. Ce qui fait vraiment rire quelqu’un fait souvent rire beaucoup de monde. Mais la beauté en tant que telle, est parfois difficile à cerner. On peut se fourvoyer fasse à un visionnaire, à quelqu’un dont on ne connait pas l’univers exact, seulement voilà : tout le monde n’a pas d’univers poétique, cela ne s’achète pas en supermarché. Tant qu’on n’a pas son esthétique, sa marque de fabrique, sa spécialisation, on flotte dans le hasard et on ne rencontre que l’incertitude. Et cela en n’importe quelle matière. Chacun a son talent, artistique ou artisan, professionnel ou amateur. Il est question de dépasser ce quelque chose du quotidien, dépasser l’or de nos relations, l’or de nos joies. Il est capital de créer pour tout le monde.

            Sinon, vraiment, à quoi bon ? A quoi bon vivre toutes ces expériences, rencontrer toutes ces situations, ces personnes fabuleuses, dépasser ses vices et sa misère, s’il n’y a aucune trace de cela, même éphémère, pourquoi se fatiguer autant ? Est-ce qu’on n’a reçu cette personnalité pour l’enterrer ou pour la révéler ?

            Est-ce qu’il n’est pas fabuleux de se rencontrer dans cette cinquième dimension, cet espace improbable, et d’y communiquer ses discours et son regard sur le monde ?

            D’ailleurs, la création artistique ou artisanale est un petit espace pour s’entraîner à vivre. Un jour, on a le cœur plus apte à la conscience, pourquoi, comment je ne sais pas. On dit que les gens arrêtent la guerre quand ils en ont marre. C’est une question délicate. Mais un jour envisager la vie comme un art devient possible. C’est mon comportement, qui trace ces couleurs. C’est mon comportement qui me rassure ou qui m’effraie. C’est mon comportement qui m’indique où aller, qui trace une unité dans l’espace. C’est mon comportement qui dit mes pensées, mes rêves, mes réalisations, mes actes. Si je veux découvrir quelque chose de neuf, je dois interroger mon comportement. « Qui suis-je avec ? »

            Qui suis-je avec mes peurs ou mes désirs, qui suis-je avec ceux que j’aime, ceux que j’aime moins, ce que j’aime faire, ce que je voudrais faire ou réaliser. Qui suis-je comme électeur, comme client, comme enfant, comme parent, quelle est ma part d’ignorance ou de stupidité, qui suis-je avec la misère ?

            Qui suis-je enfin avec mon corps, l’enveloppe de ce que je sais. Traduire grâce à la matière, ces émotions en sentiments, en beautés. Ce que je peins, je l’écarte de mon cœur. Mon cœur amasse certains poids au cours de ma vie, ce n’est que du recyclage. Mon cœur est léger pendant l’acte, et cette légèreté ne demande qu’à habiter mon comportement au quotidien. La pelote basque exprime très bien cet art de vivre. Peur ou désir, ou manque : la balle frappe et on l’accueillit, parfois avec un geste grâcieux, parfois presque comme un réflexe. Mais elle fait le voyage, il se passe des choses. Il est très rare qu’elle ne soit pas récupérée.

            On parle de « voir » mais il y a des aveugles, on parle d’une vie « difficile » mais certains survivent en agonie, l’art, lui, peut vivre sous n’importe quelle forme. Tant qu’il y a respiration, il y a de l’art. Sa particularité est qu’il agit sur différents niveaux de conscience, l’artiste n’a pas tout compris. Et qu’on le veuille ou non, nous racontons une histoire, l’histoire de notre vie compte pour quelqu’un quelque part. Peut-être que cette histoire fera parler des chiffres, eux-mêmes significatifs des lacunes de l’inconscience humaine. Peut-être que l’histoire de vie la plus misérable intéressera des sociologues, des patrons, des politiciens, des rebelles.

            L’expression artistique n’est qu’un révélateur du travail en cours dans l’univers de celui qui la délivre.

            Il est un fait que nous connaissons tous notre enfer. Nous souffrons le martyr à la naissance, et bien qu’évidemment notre conscience la plus lisible ait oublié très vite ce moment, nous l’avons enregistrée quelque part. La vie alors peut être plus ou moins ingrate. Et le poids de la douleur met en évidence la taille du problème. Lorsqu’on a beaucoup souffert, on sait plus facilement de quoi il est question en matière de délivrance. On perçoit mieux l’ennemi. Mais je vous en prie, laissez-faire la vie ! Nous avons tous notre heure, celle de la délivrance comme celle de la mort, le but ultime est le « non-agir » : rester spectateur de ce qui est et de ce sur quoi nous n’avons aucun pouvoir.

            On ne force pas le destin, c’est un effort inutile et même néfaste. Soutenir quelqu’un dans la douleur c’est lui ouvrir les yeux sur ce qu’il est libre de changer ou non. Quand les couleurs sont sales il faut y remédier.

            Il faut être un peu amoureux du sujet. S’il y a un modèle, n’en reproduire que ce que l’on aime. Ne garder de cette rencontre seulement ce que l’on a trouvé beau, dans la gravité comme dans la légèreté. Je cherche autant la douceur que la profondeur. Essayez de ressentir ce qui fait que vous êtes vous-même. Essayez de ressentir quelles pourraient être les couleurs qui traduiraient de la manière la plus fidèle cette présence. Pourquoi pas avec humour. Mais du « Vrai ». Vous pouvez faire cet exercice avec les gens que vous aimez ou ceux qui vous posent vraiment problème, vous pouvez penser à des situations, l’important est que ces visions ne soient pas trop chargées… Je pense qu’il faut commencer simple.

            Evidemment lorsqu’on a acquis une technique importante, on peut s’éclater à faire beaucoup de graphisme et à fournir énormément de détails, virer dans l’illustration… Mais je parle de la peinture, et j’en parle comme de la mienne. Et si je pouvais aider quelqu’un sur ce chemin, je serais ravie.

            Ayez confiance en ce qui vous entoure. Ce qui vous touche de près est capital. Tout ce qui vous touche de près doit être dit d’une manière ou d’une autre, peinture ou autres. L’utilisation du temps est également tout-à-fait personnelle. Je peux passer un temps fou à visionner en moi-même ce que je désire exprimer, je peux me lancer, comme ça, je peux m’interrompre des minutes, des heures, des jours, des semaines, des mois. Je peux avoir besoin de l’avis des autres, pourquoi pas – tant que ces conseils et directions ne prennent pas une importance disproportionnée. Il ne faut jamais que quelque chose ne prenne « toute la place ».  Dans ces cas-là, respirer doucement, et essayer de penser que vous finirez par mettre de l’ordre dans tout ça, et que visiblement, il y a de la matière. Un artiste est toujours ravi d’avoir un nouveau challenge. C’est le résultat d’un mental « assaini », le travail épuisant de l’ego à vouloir tout ramener à lui : par la peinture on s’approprie ce dont on se croyait être victime, et le cœur est libéré. 

 

Lulu pas contente

Le 15/07/2021

Alors il y a une idée que je ne voudrais vraiment pas soutenir, et en en voyant la publicité je me suis dit que je m’étais mal exprimée, à propos des « bienveillants ». Certes, je parlais d’un peuple. Mais j’aurais dû préciser que c’était un peuple que l’on pouvait quitter ou rejoindre pour un oui ou pour un non. J’ai entendu parler des « hypersensibles » comme des surhommes, et ça me saoule. Et alors donc comme ça il faudrait que nos dirigeants soient hypersensibles parce que les hypersensibles sont gentils et mignons. Personne n’est à l’abris de faire une gaffe, et un bon politicien en est un s’il se sent particulièrement concerné par le bon-vivre de son pays, sa culture, ses difficultés et son économie.

Et bien sûr, s’il a réussi des études sérieuses à ce propos. Arrêtons de chercher un peuple élu. Nous avons besoin de débat. J’ai entendu dire que les hypersensibles avaient des « pouvoirs magiques ». Super. Ceux qui n’en n’ont pas ou plus ou pas encore les ont cachés, il ne me semble pas que cela soit un scoop. Il faut faire très, très, très attention à ce genre de regroupements qui se prétendent comme sauveurs. Ça me fait bien chier de le dire, mais même la méditation n’est pas une baguette magique. Et ni la psychanalyse, ni la psychothérapie, ni les psychotropes, ni les retraites religieuses, ni l’art, ni les voyages, ni les relations ni le sexe ni l’amour ni les médicaments ni les plantes ne nous rendrons heureux à coups sûr. Il n’y a qu’un moment particulier où l’on est prêt à entendre quelque chose qui va nous soulager. En attendant il faut aimer la vie, et cultiver l’amour. Et ne pas s’imaginer d’être capable de quoi que ce soit d’autre. 

 

Nous sommes nombreux

Le 06/07/2021

Nous sommes nombreux, mais nous faisons moins de bruit. Moins de bruit que les criminels, les bourreaux, les escrocs, les pervers et les malveillants. Je fais partie de cette masse si peu représentée, des gens bienveillants. Parmi nous, qui avons ce même trait de caractère, il y a de tout. Des gens de toutes sortes, victimes des vicissitudes de la vie et grandis par leurs victoires. Nous sommes bien plus nombreux que cette poignée de gens qui hurlent. Cette poignée de gens qui font tant de bruit. Le monde n’est pas si agressif, mais nos dirigeants le sont facilement, souvent par nonchalance. Disons les choses simplement : ils nous oppressent. A force d’entendre parler si couramment de violence, on en vient à penser que la norme est violente, qu’avec ce désordre incessant, cette sorte de guerre incessante, en nous il ne pourrait y avoir que quelque chose qui y participe. Notre sinistrose adorée nous laisse les bras pendants, on se demande si cela vaut le coup de faire des enfants. Et tiens, c’est foutu, tant pis pour l’écologie…

            Les oligarques ne se cachent pas de se moquer de nous. Ils exercent leurs immenses pouvoirs sur nos épaules, tranquilles. Parce qu’ils ont confiance en notre cynisme. Je sais le tableau lui-même est assez noir, mais j’essaie de remettre les choses à leurs places. Nous avons un grand pouvoir qu’une poignée de gens nous envie à crever, parmi eux il y a ces dits-oligarques et puis il y a ceux qui ne se sentent exister que par la violence. Je viens de ce monde où les conversations chantonnent, où on se sent exister par le travail, celui que l’on exerce ou celui que l’on apprécie, je viens d’un bon grand groupe de « gentils », oui, de bienveillance, la bienveillance existe. Nous nous retrouvons dans de larges sourires dans la rue, par un petit mot sympathique, un clin d’œil gratuit, un thé à la menthe offert. Nous n’avons pas spécialement le caractère forcément agréable, certains d’entre nous se cachent, plus ou moins… Mais ne se cachent pas vis-à-vis d’eux-mêmes. Beaucoup d’entre nous sont fatigués après le boulot, mais nous assumons d’avoir choisi notre métier. Nous regardons mille choses différentes, dehors, dans la nature, à la télé, chez nos voisins ou proches : nous gardons quelque part un petit œil de sociologue, c’est important. La seule chose qui me chagrine, d’appartenir à ce peuple, c’est qu’il ne s’exprime pas assez, c’est un peuple timide et presque apeuré face à cette montagne de menaces, plus ou moins sérieuses mais tellement handicapantes… C’est une histoire de feeling. On se sait bienveillant ou non. Il n’y aura pas de parti politique bienveillant. Pour ça il y a l’urgence écologique.

Nous savons faire la fête, nous savons nous rassembler. Nous sommes connectés au-delà des opinions ou des mots, personne n’est parfait bien sûr, ce n’est pas la question. Mais interroger régulièrement son comportement et son ressenti des autres, cela est une dynamique qui demande de cultiver l’amour. Que la grande question de la bascule dans l’ataraxie soit devenue une histoire ancienne pour un oui ou pour un non, la présence reste de cultiver l’amour, à son niveau, à ses niveaux différents : nos esprits (à tous) ont des strates. Ce que le bienveillant a de plus, c’est la volonté.

Se savoir dans une situation qui ne peut qu’évoluer. Parce que oui, il y a de la souffrance. Toujours, dans une strate ou plusieurs de l’ego, quelque chose demande à être travaillé, soigné. Et ceci à prendre comme une richesse : il y aura toujours des histoires à raconter, aux petits comme aux grands.

Le malheur serait que l’on décide d’intellectualiser ce lien si doux. Je veux dire, au point de vouloir se réunir physiquement entre « bienveillants », ce serait une horreur : seule la fête peut nous réunir. On ne peut pas être en phase avec le monde tout le long de sa vie et il n’y a rien à proclamer ; sinon que nous existons, à battre du même cœur. Et c’est ce peuple qui choisira de s’affirmer par des choix, non pas par des groupes, mais des certitudes… J’ai déjà dit ce que j’en pensais. Les religions nous limitent dans nos comportements, elles gomment nos excès qui parfois s’avèrent profitables, nos folies n’y sont pas les bienvenues et à moins de vivre nonne ou moine, on ne peut pas vraiment en profiter. En plus de cela il y a la question de la chasteté que je trouve stupide… Je comprends le dépouillement et j’imagine que cela puisse participer à un épurement des sensations et même de l’esprit, mais est-ce qu’on a vraiment besoin d’aller jusque-là ? Ce n’est pas en entrant dans le dépouillement total qu’on va créer du lien ou émousser la violence. Il y a assez de sagesse dans le cri d’un oiseau… De la mesure, oui, trouver des outils appropriés à son propos, qui évolue lui-même avec le temps… Où qu’on aille, à n’importe quel moment on trouve autant de neuf que de vieux. Il suffit de savoir regarder, pas besoin non plus de se faire des frayeurs avec les OVNI. Il y a assez par terre, il y a assez maintenant pour évoluer vers un bien-être toujours croissant.

 

Encore un matin

Le 30/06/2021

            Je cherche quelque chose à dire. Mes soucis de sommeil ne s’arrangent pas. J’ai eu beau analyser, dire le pourquoi, rien à faire. C’est une sacrée emmerde. Je ne sais pas si ça en vaut la peine que j’écrive à ce propos. Je suis dégoûtée.

            Vivre avec, hein. Oui mais quand même, il faudrait bien que ça évolue, ça fait quand-même un certain temps que je « vis avec ».

            Et puis tiens qu’est-ce que ça veut dire « vivre avec » ? On peut difficilement « vivre sans ». On peut se voiler la face, peut-être. Mais c’est pas mon cas !

            Qu’est-ce qui rend plus libre ? Qu’est-ce qui fait qu’on a le choix ? Qu’est-ce qui fait la légèreté, comment laisser place à la légèreté ? Qu’est-ce qui fait que je n’ai aucun courage au matin ?

            Lâcher, ok, lâcher mais quoi ? Lâcher la pression, savoir et me redire que je n’ai rien à prouver aux autres, mais à moi-même ? Est-ce que je dois me lever le matin pour être contente de moi ? Est-ce que seulement j’en serais contente ? Bouh, ça me rappelle quand je devais faire mes devoirs, petite. Il faudrait que cela m’appartienne. Je n’ai pas envie de dire à mes proches « tiens, en ce moment je me lève plus tôt ». Je ne sais pas ce qu’ils pourraient me dire, ils pourraient m’inciter à aller plus loin, à en profiter pour faire ceci ou cela, à me faire chier. Je ne serais alors pas obligée d’obtempérer. J’ai peur, oui, de devoir en faire dix fois plus. Que ça ne s’arrête jamais. Mais ça me regarde ! Zut de merde, quoi.

            La victime est celle qui croit l’être, la sécurité se trouve et ne se cherche pas, le poète n’a pas tout compris, l’ego intelligent est celui qui est en travail, « le bonheur est irréductible ». « Prends le vague à l’âme ou la vie du bon côté » (MC Solaar) Mais ce qui donne le vague à l’âme c’est d’aller fouiner dans ce qui pourrait être, ou ce qui devrait être, ou ce qui sera probablement. On étale un ego sur une patinoire infinie. Et ce n’est pas toujours conscient. Se rassembler, le plus possible, se rassembler… C’est aussi comme ça que Picasso « trouvait » et que Bruce Lee « ressentait », au lieu de penser. C’est peut-être ça, « vivre avec ». Le contraire de « vivre avec » serait plutôt « avoir le nez dans le guidon ».

            Il n’est pas question de « tout voir », « tout voir » est impossible. Mais voir ce qui se présente, et surtout ne pas imaginer ce qui n’a pas pu se présenter, pour une raison ou une autre. Ne pas déborder du paysage, ne rien exiger, soupçonner, attendre, espérer. L’essentiel est là, parce que rien d’autre n’a pu être à la place. Et je suis contente, d’être un peu con et d’avoir des sujets chiants à aborder, parce que cela s’arrange, et c’est un plaisir certain de soigner les blessures qu’on s’est si stupidement inventées. Ah si je pouvais vraiment accéder à une légèreté qui m’accompagnerait partout, je ne cracherais pas dessus. Mais elle est déjà enfouie en moi, je la retrouve de temps en temps, croire, mais pas trop. Et je sais que certaines choses se décantent, eh bien, qu’elles décantent. J’ai tout mon temps. La mesure est une vieille affaire. La mesure c’est aimer la vie. On dépasse la mesure par faiblesse, pas par choix. Et quand on dit « abondance de bien ne nuit pas », c’est parfaitement vrai, parce qu’un bien excessif devient forcément un mal. Seul le bien et le plaisir qui en découle font nos richesses.

            On peut apprécier la mélancolie, la complaisance ou même la tristesse. Mais c’est bien parce qu’il y a Yin et Yang, en réalité on apprécie de mieux comprendre ses douleurs, on apprécie la compassion, ou la beauté poétique éventuelle de certaines situations malheureuses. Tant que tout cela reste mesuré, on est encore dans la vie. Bien sûr qu’il est important de respecter ses sentiments, simplement il ne faut pas s’y noyer.

            Comment, du reste, ne pas se laisser gagner par la négativité ? Il est facile de dire qu’il faut la laisser à sa place. C’est très, très facile de dire ça. Je pense qu’on se laisse avoir dans cette histoire par culpabilité. Or je pense qu’à moins d’être pervers, beaucoup de gens peuvent abandonner cette si précieuse légèreté en pensant qu’ils ont mal agi, alors que rien de terrible ne s’est finalement produit. On se met à exagérer les propositions de ce qui est, en pensant qu’il faut absolument réagir… Pas obligé. Si je n’ai voulu aucun mal, je peux toujours m’expliquer, voilà : il faut croire au langage, absolument. Ne pas pouvoir dire est terrifiant, parfois. Mais ne pas croire au langage c’est ne pas croire en soi. Arrive la question du corps, si mon corps physique est atteint, je suis dans la merde. J’aurai beau penser et dire, la douleur physique est quasi-inconcevable. Alors si c’est pour en arriver là… Malgré tout, malgré cela, « rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme ». C’est une pensée qui me fait penser au bouddhisme, le chant de l’impermanence. Cette phrase devrait nous suffire pour toujours faire respirer, et être dans cette fichue respiration le plus possible. Je ne vous le cache pas : je n’envisage pas une vie, quelle qu’elle soit, sans une création régulière. Je ne sais pas depuis combien de temps, mais je suis certaine, moi, que tout le monde a besoin de créer. Justement pour transformer, passer à autre chose… Mais toujours sur un autre plan que celui auquel on pensait. Justement, pour respirer : le langage a ses déchets, l’art en fait du beau. Au lieu que tant de choses stagnent, et pour que la sève circule.

            Et pour que la sève circule il serait intéressant quand-même que toutes les idées formidables développées dans la presse indépendante voient enfin le jour, y’en a marre que ça stagne ça aussi, il y a plein de richesses non-utilisées c’est affreux. Il y a des idées pour le climat, pour l’enseignement, pour le logement, pour l’immigration, pour le bien-être et pour tout ce qu’on veut, qu’est ce qui bloque bordel de merde ?

            Pas si simple me direz-vous de changer totalement les mentalités des plus gros et de nos dirigeants qui, pour beaucoup voulaient changer le monde et ont préféré gagner des thunes. Pas simple de réveiller les oligarques, les cyniques, ou de parler avec des fous d’ailleurs. Pas facile. Je ne sais pas pourquoi j’ai cette certitude, que l’amour gagne toujours et que tout va rouler, qu’on sauvera cette planète de nos terribles orgueils mal dégrossis, que tout un tas de gens s’intéressent de plus en plus aux sagesses ancestrales et que ça va payer, je ne veux pas croire que c’est foutu. Et donc je vote écolo, et il faudrait que tout le monde vote écolo pour que ce soit chouette. Un peu de rêve quoi, un peu de magie. Mais de la magie saine.

            Et je m’en vais, ce soir, m’endormir à une heure du mat après avoir craqué sur mon yaourt au miel et mes noix, pour me réveiller à midi si tout va bien. Et je ne sais pas quoi en penser. Pourtant se réveiller, c’est important. Je suis un peu plus éveillée sur un autre plan, bon. Et il est lourd et difficile de voir comme les évidences sont rejetées par le monde. Comme certains sont déjà sourds, pour avoir entendu tant de cris. Moi j’ai pas envie de me lever. C’est pas à moi de commencer. Je sais, inutile de se comparer à d’autres… Mais parfois c’est gratifiant.

            Oui sauf que là je le vis comme quelque chose d’handicapant. « Changer la vie », qu’il disait. Et pas changer le monde… Ah c’est tentant ça aussi, voilà si quelque chose de vraiment constructif et de nouveau arrive, eh ben, si ça se trouve j’y serai pour quelque chose. Mais je ne peux pas faire ça. Je ne peux que donner mon avis, ensuite si la rencontre se fait tant mieux, sinon il faut passer à autre chose. Je ne peux pas déborder du paysage. Et puis il est plutôt beau ce paysage. En tout cas il n’y a pas mieux à se mettre sous la dent, bref.

            Ne dépasser que les énergies, et rien d’autre. Ce que je veux dire par là est que nous pouvons agir sur notre bien-être en se dépassant de l’intérieur, à l’extérieur on peut considérer que c’est foutu. La beauté et le quelconque. La souffrance et l’assise. Je reformule, je cherche en même temps que j’écris, je me laisse surprendre par ce qui peut émerger de l’évidence : ici, j’ai le droit. Ici c’est chez moi. Je boucle des boucles. Il y a néanmoins un certain malaise : j’espère terriblement me faire comprendre, j’ai assez peur de ne pas toucher mes lecteurs. C’est ça qui m’énerve avec la littérature : y’a que des mots. Les couleurs ne peuvent pas tricher, le graphisme est reconnu par quasiment tout le monde, on s’y retrouve. C’est le paradis. Les mots sont galvaudés et utilisés n’importe comment, on peut dire n’importe quoi. D’ailleurs j’ai déjà dit que les meilleurs orateurs étaient ceux qui avaient raison en définitive. Les meilleurs orateurs ont tout ce qu’ils veulent, même s’ils sont au fond, des pourritures. C’est pour ça qu’écrire me reste besogneux. J’espère être assez alignée avec moi-même pour dire ce que je veux dire avec un « joli style ». J’espère vraiment ne pas troubler sans raison valable, ne pas tirer sur tout le monde-parce que c’est un sport que je trouve assez fainéant- et laisser mes conclusions accessibles et fécondes. 

 

Tagada ploum ploum

Le 25/06/2021

Je voudrais me sentir libre. Aimer la vie, ça suppose quoi ? Eh ben c’est être un peu chez soi, trouver dans l’instant de quoi se réconcilier avec lui, et puis savoir qu’elle est parfaitement présente, qu’il n’y a rien au-delà des émotions, des sentiments, des apparitions. Le poète n’a pas tout compris, mais il sait l’essentiel : il existe toujours de quoi rebondir, le monde regorge de propositions toujours nouvelles, et il existe en effet ce lien si doux et si secret avec ce qui nous surprend, et qui nous surprendra toujours.

Si je rechigne à sortir, à aller vers les autres, c’est que je suis persuadée que ma vie est assez dense pour moi. J’ai du mal à sortir seule, j’ai besoin d’un amoureux pour ça, je suis Balance. La bonne blague. Moi ça me va bien d’être Balance, je trouve ça plutôt sympa, c’est un ensemble de traits de caractères auquel je m’identifie un peu, mais pas trop. Je déteste la tragédie par exemple, ça, c’est clair.

Oui, accepter que les choses fonctionnent, j’ai besoin d’une rencontre simple, une rencontre amoureuse qui se fait facilement, qui nous appartiennent à celui que j’aime et à moi. Je n’ai rien à prouver de ce côté, je n’ai pas apprécié du tout que ma psychologue de l’époque se soit mêlée à mon histoire avec Pedro, j’en ai conçu une rage terrible. Je ne veux pas un César ou un Molière pour amoureux. Je veux une rencontre légère et tranquille. Comme en réalité, les choses se font. Lire dans son passé c’est lui donner du sens. C’est horrible comme cela s’est terminé avec Pedro. L’horreur fait partie de la vie, sans elle son opposée ne serait pas. Quand je pense à la mort de Pedro je sens bien que j’ai une certaine leçon à tirer. Les choses sont ainsi, définitives. On ne peut pas revenir en arrière, on ne peut rien améliorer, rien retoucher. Pour tout ça il y a l’art, l’art se nourrit de nos défauts et de nos tares, il en fait du beau. Chaque chose en son temps, mon Dieu que c’est chiant de ressasser les mêmes conneries…

Ce qui est beau c’est ce qui était beau, ce qui a marché, ce qui m’a transformée. Ne garder que ça. Aimer la vie c’est prendre conscience qu’on n’a rien à prouver à papa ni à la société. L’humilité pour moi commence là. Je dois peindre parce que ça marche bien, je dois écrire parce que malgré tout ça me fait quand même du bien mais, c’est une tâche difficile… Peindre c’est que du rêve. Bref peu importe, j’ai des choses à me prouver à moi-même et je suis déjà assez exigeante.

J’ai décidé de croire en l’amour. Jusqu’à il y a peu, je me disais que c’était une affaire bien trop compliquée pour en plus charger ces instants si précieux de gravité et d’enthousiasme. Maintenant j’habite pleinement ce désir. C’est bien de moi dont il s’agit, de mon bonheur. Je ne veux plus faire de superstition ou de pessimisme. Les choses sont là, il faut faire avec. Si je commence à énumérer tout ce qui est incertain ou dangereux, je ne ferai rien de ma vie. 

 

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