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Blog de Lucie Santos

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Pedro toujours

Le 13/10/2023

Pedro, j'ai fini par me dire qu'il était plus important de voir correctement, que de voir de belles choses. J'aborde la quarantaine de façon plus sereine. Je t'ai laissé partir parce que je voulais voir de belles choses, des choses qui étaient hors de notre réalité à ce moment précis. C'était foutu, mais j'aurais dû insister auprès des pompiers pour qu'on t'emmène à l'hôpital. Je le sais, et je n'en suis pas fière. Si au moins on avait porté plainte pour non-assistance à personne en danger, peut-être que le poids aurait été moins lourd, peut-être pas. Tu avais cette naïveté incroyable, et moi sans en être consciente, j'étais d'un cynisme rare. Tu avais une pureté qui aurait pu me lasser, mais j'en garde un souvenir lumineux et doux. Je sais, aujourd'hui que certains traits de ton caractère auraient pu m'agacer sur le long terme, peut-être aurions nous su traverser nos inquiétudes et devenir plus forts. Je ne me sens pour autant pas coupable. Encore moins responsable, j'étais dans une terrible confusion, ce sont de basses pulsions qui m'ont fait agir comme une lâche. C'était chaotique. Mais je ne doute pas que tu m'aimais, et que je t'aimais avec la même passion. Nous étions tellement forts, nous sommes devenus si faibles... Et si vite. Je n'ai plus les yeux de mes vingt-cinq ans, aujourd'hui je vois l'amour de façon plus réaliste : je vois des choses qui me déplaisent, je n'en fais pas toute une histoire. Je pense que je suis plus à même de faire ce qu'on appelle des choix amoureux, et ne pas faire de plans sur la comète. C'est beaucoup plus rassurant, je sais que des tas de gens disent qu'il faut absolument brûler au moins au début, je frissonne et ça me va très bien. L'amour malade et aveugle, j'ai donné. Et très sincèrement je te demande pardon Pedro, pour avoir brûlé et avoir été aveugle.

« Le moment présent n'est pas un obstacle », dit un maître. Il dit aussi « je laisse de côté ce qui est incontrôlable. » J'aime beaucoup ces outils. Tu sais je cherche à entretenir ta mémoire, ou notre mémoire : je fais du théâtre qui défend les fous. Tu aurais pu partager ma chambre et devenir comédien toi aussi, je sais, je sais maintenant que ces choses sont possibles même si elles ne se produisent pas comme on peut le rêver, grâce à tout ce que tu m'as donné je sais que tout est possible. Le contentement. La satisfaction, la confiance. Pour un peu je me mettrais au sport, je me sens plus légère depuis quelques temps, et j'ai bien fait de ne pas regarder le foot ce soir. Ton souvenir m'est une déclaration d'amour au moment présent. Je n'ai plus le droit à la misère. Bien sûr, il y a les crises d'angoisse et la déréliction mais peut-être que cet écrit me bouleverse plus que je ne crois. Je t'aime, Pedro avec tout ce que je puis avoir comme doute et comme conneries du passé. Je ne suis pas une mauvaise femme, je suis même plutôt sympathique et je vais devoir réinterroger certains gestes mal digérés, au moins pour cette mémoire, de rires, de poésie et de restos. J'irai voir le Portugal, tu m'en as beaucoup parlé. Parfois je me demande si tu n'avais pas le mal du pays. Mais oh, assez de douleur. Je vais prendre soin de moi, me faire confiance et me féliciter quand cela sera juste. Mes compagnons sont de bonne compagnie, mes employeurs et autres artistes sont honnêtes et généreux, mes médecins et thérapeutes sont permissifs et souriants. Je vais me recouper les cheveux. Je vais me remettre à peindre. Je vais avoir 39 ans. Je vais être prête pour un renouveau, je crois que je tiens le pardon. Je ne sais pas ce que tu es devenu, mon cher et tendre ami, impossible de savoir. Je te souhaite tout le bonheur que je me souhaite à moi-même. Permets-moi de marcher à tes côtés. Sois heureux.

 

schizo

Le 22/09/2023

Bon et donc Jésus disait « réjouissez-vous ». Ce qui peut paraître logique vu que quand on attend plus rien de la vie on l'accueille. Et que bien sûr il s'adressait au premier des pêcheurs, c'est-à-dire au monde lui-même. Je vais aller un peu loin. On peut dire «Namasté » à la vie, mais pas « Namasté » au monde. Le monde n'a pas d'enveloppe, il a pourtant des souffrances et des espaces « respirant ». On ne peut pas vraiment définir le monde, on ne peut pas lui imaginer quelque limite que ce soit. Et Jésus a dit qu'il avait vaincu le monde, en gros il est parti et il est revenu. Je blague. Il a su revenir à lui-même, malgré le langage. Et oui c'est une sacrée prouesse.

Est-ce qu'on ne peut pas revoir le calcul à moindre coût, en revenant à soi beuuuuah tout le monde l'a dit. Pardon.

N'empêche que ça fait du bien de l'écrire, désolée mais c'est pour moi, alors : on peut imaginer qu'il soit possible- putain c'est du... je trouve plus le nom, un beau gosse qui vomit sur son public rhââ je sais plus champion de poker et amateur de bonnes pizzas, Chicago Pizza Pail exactement putain comment il s'appelle... Qui a le droiiiiiit... Je sais plus !!! Patrick Bruel ! Ben voilà, il avait plus ou moins détaillé ce que j'étais en train de dire c'est pas folichon. Mais quand même, Zweig aussi a parlé de ça dans Combat avec le Démon, il parlait d' « horoscopes »de différents écrivains, en gros ceux qui combattaient « Le » démon et d'autres qui combattaient « des » démons. Et c'est plus écolo je trouve, de se battre contre les démons qui arrivent tout le temps de partout plutôt que de vouloir passer son âme au karcher, pardon encore pour la ref. De toute façon on ne sera jamais nickel point de vue personnel. Et puis c'est plus facile à identifier, ce qui est sur le chemin, plutôt que ce qui est au bout du chemin. Façon discrète et habile de vous dire que j'aurai tout le temps des choses à dire et que donc à la limite on peut me laisser tranquille. Oui alors parlons de tranquillité... Je crois bien que je veux rester à la compagnie de l'Oiseau-Mouche, et je vous le dis avec ce temps de merde qui arrose mes carreaux, je crois que ma place est dans cette boîte. Je ne vais pas cracher sur un appart de rêve avec une piscine intérieure. Un jardin spacieux avec deux ou trois kangourous. Une protection importante parce que je crois bien que j'ai vexé des gens déjà en colère et une bagnole correcte. Trois mille euros de salaire pour mes collègues et moi, ainsi que pour mon chéri et les membres de ma famille, maternelle et paternelle. Et si on pouvait monter le smic à 1500, retaxer les grandes fortunes et renflouer les salaires des infirmiers et hospitaliers en cas de besoin, instituer une prime à la féminité et programmer de longues heures d'éducation sexuelle pour les adolescents. Pitié. Valoriser les salaires des agriculteurs clean et revoir TOTALEMENT l'éducation Nationale, bordel de merde. Ah oui, surtout, surtout ça, l'éducation nationale bordel de merde.

Alors vaincre le monde, ce serait quoi ? Peut-être simplement connaître ses limites. Qui dit connaître ses limites dit connaître son rythme, c'est-à-dire pouvoir anticiper du prochain moment où on aura besoin de s'exprimer au lieu de tout prendre en silence et exploser de rage. Je ne conçois pas de vie sans création. Je ne peux pas m'imaginer une vie humaine sans création, je n'y crois pas. Je veux bien qu'on soit simplet, ou qu'on soit cul-serré, qu'on ait peu de connaissances littéraires, politiques, quotidiennes, spirituelles, qu'on ait tous les handicaps possibles et imaginables mais vivre dans ce monde sans s'exprimer me paraît totalement impossible. Je sais qu'il y a des gens qui prennent un temps fou avant de se révéler, mais pour une vie pauvre qui s'éteint en silence, alors c'est d'avoir tu sa propre parole qui a causé la mort. Je ne sais pas si je suis très claire mais là je m'en fous. Je pense qu'il existe des personnes qui ont des choses à dire complètement opposées à ce que je peux penser ou dire, et en théorie je le respecte. Maintenant il m'arrive d'être très choquée par l'esprit de concurrence, la vénalité, le racisme, la xénophobie, le négationnisme, l'ignorance et le mépris, bien que je pense qu'il doit m'arriver de faire preuve d'ignorance et de mépris à moi-même, tenez : oh non je ne vais pas dire des insanités sur l'extrême droite c'est trop facile, je pense qu'ils sont tombés dans un piège, et un piège relativement savant : on leur montre des victimes du système en pleine déréliction et on leur cache leurs histoires, les histoires des uns écrasent les histoires des autres et c'est le bordel. Mais chaque violence est le résultat d'une histoire bafouée, un manque au langage. On peut tout expliquer, mais ça ne veut pas dire qu'il faut le faire. Parfois les violences vont trop loin, parfois elles sont trop importantes en force, parfois en nombre. Bob Marley disait que la personne la plus importante que l'on pouvait rencontrer avait été un jour un nourrisson.

La pureté est comme un ange. On la frôle, mais on ne l'attrape jamais. Et c'est tant mieux, elle nous lave doucement le cœur pour un nouveau départ et inlassablement les tentations et les plaisirs laissent des empreintes de frustrations, de cupidité, de soif, de faim, de désirs plus ou moins grossiers et puis elle devient à nouveau nécessaire. Et là arrive le moment, qui se cache plus ou moins, le moment de parler, de chanter.

Le malheur est que la haine est égale en puissance avec l'amour. Et que chacun de ces deux pôles peuvent faire couler leur sang dans tous les artères des hommes. Partout, on trouvera l'ego, l'angoisse, le conflit, et partout on trouvera la vie, l'amour, l'humour, la légèreté et la création. Le bon comme le mauvais peuvent changer de masque à tout va, et on aura toujours de grands orateurs de qui se méfier. Et toujours on trouvera des poètes au verbe simple et amoureux. Des enfants. Ben oui, des enfants : ils ne sont pas encore marqués par ce qu'ils ont fait de leurs temps, physiquement comme spirituellement. Ils sont en général beaux et doux, et bien sûr innocents. Mais on a bien réussi à faire de certains d'eux des soldats, qu'est-ce qu'on a comme merde à nettoyer quand on y pense...

Il faut y croire, cependant. Il faut croire qu'on peut leur offrir un monde meilleur, au nom de tous les plaisirs que nous connaissons, au nom de nos certitudes. Au nom de nos principes. Nos gouvernants paraissent tellement loin d'eux-mêmes... L'argent est devenu odieusement abstrait, et cette abstraction s'empare de nouveaux conflits, de nouveaux esprits, de nouvelles folies et de nouveaux crimes envers les hommes comme envers la Nature. Nous sommes deux fois malades. D'abord par le langage, qui est une maladie chronique, ensuite par cette abstraction. Et cette dernière est en train de nous pourrir, et elle est, peut-être paradoxalement, contre-productive. Il reste des horreurs qui nous viennent de la folie nazie. Il reste des maisons de redressement, pour à peu près tout, les différences sont bannies comme si l'on pouvait imaginer une humanité lisse, alors que l'humanité est la différence même. L'humanité est l'exception que nous sommes. Notre richesse fait toujours du partage et des envieux. Mais le danger est la gangrène. Il nous faut respirer.

Si j'avais des enfants j'essaierais de leur apprendre à s'emmerder, parce que je sais que cela favorise la création, je voudrais leur apprendre à manger lentement, je voudrais leur apprendre à rire, à s'attendrir, à rebondir, à bouder, à se consoler, à découvrir les bienfaits de la solitude, à apprécier les belles choses des personnes comme de la Nature, à faire des câlins aux arbres, à accepter leur petit grain de folie et ceux des autres et à considérer que nous sommes tous sur le même chemin. Et puis ils me répondraient et me surprendraient, me décevraient peut-être, et puis ils m'apprendraient des choses auxquelles je n'aurais pas pensé et ils prendraient leur envol oh non je ne veux pas d'enfants. Je serais trop mère-poule. Je serais insupportable. Ce que je peux faire à la limite c'est ça : transmettre ce que je peux par la création et basta, advienne que pourra, au moins ça pourrait servir à d'autres.

Je pense qu'on peut vaincre le monde ici et maintenant, mais le monde revient. Et comme on dit, la peur n'évite pas le danger. Ce n'est même pas un cycle, c'est un rythme. Un rythme aléatoire, que l'on découvre plus ou moins tôt, qu'on apprivoise plus ou moins bien mais qui ne nous loupe pas. La nécessité veille. Elle nous choisit, nous choisissons la réponse.

Je pense être assez consciente du fait que mon passé n'existe plus, je ne sais pas quelle mentalité j'avais hier. Je crains un peu pour mon lendemain parce que je me sens en difficulté avec mon quotidien. J'ai l'impression de pouvoir faire des plans sur la comète et ce n'est pas simple à assumer. Oui j'ai le sentiment d'être dans une situation à la con, mais c'est superficiel. Bon j'ai faim là.

 

pas mal

Le 31/08/2023

Penser à soi peut être utile, mais penser AU Soi est l'altruisme le plus fondamental. Bâm. Avant mon propre plaisir, le détachement est nécessaire. Mon propre plaisir devient sain s'il se sait dans le détachement. Si je suis libre, si mon cœur bat pour la planète et sa Nature, alors chacun de mes actes est aligné avec toutes mes convictions. « Sache ! » s'exclame le démon à n’importe qui. Il fait peur.

Ce qui fait peur c'est alors de se sentir responsable de ce mal-être collectif, de sentir venir un châtiment trop mérité face à toutes les horreurs dont nos frères et sœurs ont, et sont encore capables de faire. Si le lien n'est pas infini, il devient pervers. C'est la vie qui a besoin de limites, tout ce qui a un commencement et une fin dessine une vie. Mais ce qui nous est le plus cher, l'Amour, n'a pas besoin de limites.

Il n'est pas question d'adorer le premier venu, à moins de se retirer du Monde, ce qui peut être un excellent choix pour ceux qui se sentent de le faire, à moins de faire cela nous sommes bien obligés de constater que certains nous offrent plus de plaisir que d'autres à fréquenter. Mais dans ce cas, si mon monastère est mon lieu de travail, si je pratique la création comme une méditation et si ma situation familiale est mon chef d’œuvre, je suis bien obligée de jouer dans le monde des formes...

Et avoir mes préférences. Mais garder à l'esprit que ces préférences sont passagères, et savoir, je dis bien savoir que l'essentiel nous donne rendez-vous avec le calme.

Il est difficile de rester fidèle dans un monde où la tentation est un sport politique, où l'on est à mille lieues du dépouillement, où la musique braille dans tous les coins, où nos valeurs sont soumises à toutes les séductions, où l'on ne croit plus une seconde ce qui est inscrit dans nos droits humains et où malgré tout nous faisons semblant de croire sur cette planète en colère que nos enfants y auront une place pour s'épanouir.

L'urgence est poétique. La poésie fleurit là où l'humanité s'affirme. Les plantes ont besoin de respect et d'amour, comme nous. Sans amour pas de poésie, sans poésie pas de vie. Et la poésie n'est pas nécessairement « jolie », elle peut être forte, poignante, drôle, elle peut porter tous les visages mais elle s'épanouit.

La question de la respiration.

Pour moi ce n'est pas la panacée. Je crois plus au rythme qu'à la respiration. Le rythme serait une respiration adaptée. Chacun devrait suivre son rythme, ce serait tellement beau... Krishnamurti disait que la liberté consistait à ne pas se comparer aux autres. On nous tanne avec l'ordre contraire depuis le berceau. Et je crois qu'effectivement c'est une sacrée plaie. Rilke disait du poète qu'il devait « assumer une solitude infinie ». C'est que le langage fait des merveilles, et pour notre bonheur nous parvenons parfois à nous mettre d'accord, le temps qu'un miracle advienne : silence...

Libérer cette chance, sourire.

Nous pouvons être sûrs d'une chose : l'important, c'est le grand lien, le grand cœur qui bat dans la sève des arbres, qui tombe sur nous dans la pluie, qui fait vibrer les chanteurs lyriques. Cultiver le grand savoir avec les beaux langages.

S'endormir heureux de prendre soin de nos corps fatigués, de préparer un lendemain différent en tous points du surlendemain.

 

Compagnie de l'Oiseau-Mouche Roubaix

Le 26/08/2023

Je suis comédienne, un rêve d'enfant. Un rêve retrouvé, après avoir été boudé. Je voudrais aider à préserver les mots de Molière. Je voudrais faire rire, continuer à me surprendre et à surprendre les autres.

Je voudrais vivre les mots, le souvenir et l'imaginaire. Je voudrais penser par le corps, par l'espace et le souffle. Respecter chaque lettre que l'on m'ordonne, respecter, encore et encore. Je veux que des mots, répétés par mes soins, à être toujours différents dansent dans mon imaginaire à partager. Je veux que mon univers soit en expansion. Je veux réaliser, par ma vigilance, la victoire du verbe sur l'assourdissement de l'injonction sociétale. Parfois d'un silence plus doux que celui d'un arbre fleurissant.

Être là et au moment où le rêve prend chair et voix.

Peiner à apprendre les signes d'une littérature qui ne demande qu'à sortir de ses chaînes, chercher où, quand pourrait éclore à nouveau le miracle : malgré le monde, nous parlons.

 

vie et non vie

Le 21/08/2023

Je pense que l'euthanasie et l'avortement peuvent être utiles pour trancher net dans la non-vie. J'entends par là toute vie qui ne respire pas ou plus. Si un enfant n'est pas désiré, alors la vie, qui déjà n'est pas simple pour le premier venu, sera évidemment bien plus complexe, et je n'ai pas besoin d'être neurologue pour dire que l'affection d'un parent pour son enfant durant les six premiers mois est capitale pour son énergie. J'ai déjà entendu, et j'en suis sûre, un ancien déporté d’Auschwitz dire au risque de semer l'incompréhension, qu'il pensait qu'une personne qui n'avait pas connu l'amour de sa mère devait connaître la souffrance des victimes des déportés par les nazis. Que dire de l'époux qui ne reconnaît plus sa femme ni ses enfants, qui délire et qui souffre en son for intérieur ? Ces vies infimes et faibles ont besoin d'être libérées à mon avis. Je peux me tromper, la question n'est pas simple mais j'ai cette conviction.

C'est surtout que je pense qu'on se fourvoie lorsqu'on envoie chercher de la vie sur Mars alors qu'il existe tant d'espaces de « non-vie » sur notre planète en colère. Ceux qui sont réduits à faire semblant de vivre, doivent connaître un miracle pour s'en sortir et je crois aux miracles. Mais je ne me sentirais pas le droit d'imposer à qui que ce soit de vivre sans savoir pour combien de temps, une misère que j'ai connue et dont je sais qu'elle reste relative. Il arrive que tout s'éteigne, que plus rien ne compte. J'ai tenu parce que j'ai reçu beaucoup d'amour et que j'ai beaucoup rêvé. Il peut m'arriver encore de tomber dans le piège de la pensée compulsive, de vouloir du résultat absolument tout-de-suite, victime comme tant de gens des injonctions de cette société malade. Et je crois que le Seigneur n'entend que les prières désespérées. Je crois que cette planète aussi retrouvera sa santé. Nous sommes de mauvais gnomes mais la Nature nous a donné de gros cœurs. Comment répondre à la tentation ? Il faut se faire à mon sens une amie de la tentation, c'est elle qui nous parle de ce qui nous entoure au plus proche, c'est avec elle que nous devons composer, il nous faut arborer un large sourire en la travaillant comme du bon pain.

Et apprendre de notre esprit à ne pas voir trop loin, après-tout faire la vaisselle est distrayant, faire le ménage est rassurant et plutôt doux quand on y pense (j'écris cela pour m'en convaincre pleinement) faire du sport est important pour la santé, partout où se trouve la tentation se trouve un petit trésor de plaisir sain qui reste caché là.

Mais je dois avouer que je reste persuadée que la paix intérieure est totalement personnelle et originale. Je ne fais que travailler la mienne en espérant partager un peu de bonheur, ou de rêve ou d'espérance. Je me souviens avoir détesté les premiers écrits spirituels que j'ai rencontrés (en même temps, ils étaient placardés dans des chiottes) mais bon, même après ça je ne comprenais pas, j'avais l'impression qu'on me faisait une mauvaise publicité de ce qu'il y avait au fond de moi. De mon âme on va dire.

Et je pense que je n'avais pas si tort, je pense que tout ce qui fait autorité dans nos vies intellectuelles doit être reconquis, il faut regagner l'âme des belles lettres. Et tous les moyens sont bons. Mais surtout je crois qu'il faut être généreux, tant qu'il en est encore possible. Une personne mortifiée ne peut plus vraiment être généreuse, je pense. Et se rendre compte que l'on ne peut plus rassurer, consoler, sourire, cela vous tue.

Et peut-être allez-vous me demander pourquoi ne pas tuer les gens qui souffrent trop en général après-tout, si l'on suit ma logique ? C'est que l'âge compte, on n'a pas la même santé à ces deux moments-là, on est plus fragile et on ne connaît pas ou plus l'essentiel. La personne qui souffre à se damner alors que quelque chose est possible selon lui-même et selon les autres- ou bien quelques autres, cela suffit- alors oui je pense qu'elle doit se battre, et malheureusement, si quelqu'un ne trouve aucun secours valable pour lui il donnera fin à sa vie par lui-même, mais là encore j'ai quelques observations. Je pense que le suicide n'est pas une solution parce que cela revient à ne pas jouer le jeu. Je pense que cela ne présage rien de bon pour ce qui suit la vie terrestre, et qu'en plus de ça, le temps que l'on met à mourir de cette façon est insupportable. Pour la simple et bonne raison qu'on n'a aucune idée d'où cela peut mener. Donc il ne s'agit ni de courage ni de paresse, c'est du grotesque, de l'égoïsme. Je ne blâme pas les gens qui ont eu recours à cela, je les plains. Et j'essaie de faire ma vie avec leurs silences. Ces silences sont tellement étranges...

Je vais manger des pâtes avec du pesto et de l'emmental.

 

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